"Oussekine", la série évènement sur la mort de Malik Oussekine le 11 mai sur Disney+ !

9 mai 2022 à 15h57 par La rédaction

Disney+ va diffuser le 11 mai une mini-série consacrée à la mort de Malik Oussekine, cet étudiant franco-algérien assassiné dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris après avoir été roué de coups par des policiers. Zoom sur cette histoire qui a marqué les années 1980.

Oussekine
La série "Oussekine" disponible le 11 mai sur Disney+ !
Crédit : Twitter Disney+

Trente-six ans après, Disney+ s’intéresse à un fait divers qui a marqué les esprits en France en diffusant une série, réalisée par Antoine Chevrollier, inspirée de l’histoire vraie de Malik Oussekine.

Au total, 4 épisodes pour mettre en lumière cette tragédie et le combat de sa famille pour obtenir justice avec, en rôle principal, Sayyid El Alami et, en rôles secondaires, Kad Merad et Laurent Sotcker.

Qui était Malik Oussekine ? 

Malik Oussekine est né en octobre 1964 et grandit avec sa fratrie à Meudon-la-Forêt. Ses parents, Aïcha et Miloud Oussekine, sont originaires d'Algérie ; son père était un ancien combattant au sein des troupes françaises pendant la Seconde Guerre mondiale.

Malik est un jeune étudiant de l’Ecole Supérieure des Professions Immobilières avec des rêves pleins la tête au point où il souhaite devenir prêtre jésuite mais ses aspirations sont ralenties par une santé fragile, dialysé depuis son enfance. 

Le contexte de la nuit de la mort de Malik Oussekine 

Dans la soirée du 5 au 6 décembre, Malik rentre chez lui après un concert de jazz dans la capitale. Les étudiants protestent depuis des semaines contre la loi Devaquet qui prévoit de réformer les universités françaises avec une sélection des étudiants à l'entrée de l'université sur concours afin de créer une concurrence.

Cette nuit-là, les CRS parisiens reçoivent l'ordre d'évacuer les groupes d'étudiants qui occupent l’université de la Sorbonne. La brigade des voltigeurs motocyclistes, aux ordres du représentant du ministre de la sécurité du secrétaire à l'intérieur, Robert Pandelau, reçoit l’ordre d’effectuer des rondes à la recherche des « casseurs » dans le quartier latin à Saint-Michel. Lorsque Malik Oussekine quitte un club de jazz de la Sorbonne et rentre chez lui, trois voltigeurs le poursuivent.

La nuit de l’horreur de Malik 

Terrifié par les voltigeurs qui se sont lancés à sa poursuite, Malik se met à courir pour les semer.

Un témoin rentrant chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des finances, habitant l’immeuble situé au 20 rue Monsieur le Prince dans 6ème arrondissement affirme : « Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : « je n’ai rien fait, je n’ai rien fait ».

Et en tentant de secourir le jeune homme, Paul Bayzelon reçoit aussi des coups de matraque.

Malik Oussekine rejoint sa dernière demeure 

Quelques minutes plus tard, le SAMU arrive et transporte Malik Oussekine à l'hôpital Cochin ; il sera déclaré mort à 3h20 alors qu’il avait 22 ans seulement.

Selon un bilan du médecin du SAMU, le jeune étudiant est décédé dans le hall de l'immeuble trois heures plus tôt. Toujours selon les médecins, il souffrait d’une insuffisance rénale qui a entraîné une faiblesse physique mais aussi d'un hématome péri-auriculaire, d’un hématome suborbital et d’une fracture de la cloison nasale, preuves de la violence des coups portés à son encontre.

Au lendemain de sa mort, des étudiants organisent une marche silencieuse et le ministre Alain Devaquet présente sa démission ; sa loi est retirée le 8 décembre 1986, deux jours après le drame.

Malik Oussekine est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Aujourd'hui, plusieurs rues et amphithéâtres portent son nom et il est mentionné dans de nombreuses chansons françaises d’artistes de renom, comme Barbara, Renaud, Damien Saez, Mickey 3D, Kery James…

Une plaque commémorative a été posée sur les lieux du drame en sa mémoire.

La justice condamne les deux policiers 

Le peloton de policiers voltigeurs a été dissous immédiatement après la mort de Malik Oussekine. Les deux voltigeurs directement impliqués dans ce drame, le brigadier-chef Jean Schmitt, 53 ans, et le gardien de la paix Christophe Garcia, 26 ans, ont été condamnés par la cour d’assises de Paris, le 27 janvier 1990, à deux et cinq ans de prison avec sursis pour « coups et blessures ayant entraînés la mort sans intention de la donner ». 

La peine prononcée par la justice est jugée dérisoire par la famille Oussekine. Sa sœur, Sarah Oussekine, a déclaré en 2017 dans le journal de Saint-Denis : « Ça a changé ma vision du monde. La vie n’avait plus de sens. Après la parodie de procès (...), je me suis rendu compte que, dans ce pays qui est le mien, où je suis née, je serai toujours une citoyenne de deuxième zone. Et je ressens encore cela aujourd’hui. »

Disney+ adopte l’affaire Malik Oussekine

Jamais aucun film ou série n’a été consacré à cette tragédie qui a marqué les esprits des français. Trente-six ans après, le réalisateur Antoine Chevrollier estime qu’il était « temps de raconter cette page sombre de notre histoire française, cette importante étape de la violence étatique » et affirme qu'il voulait  « réaliser cette série sous le prisme de la tragédie familiale ». 

La série suit le combat poignant de la famille de Malik pour faire entendre sa voix et relate les conséquences dramatiques de sa mort, lourdes de conséquences pour ses proches.

Les épisodes de la  série transportent au cœur des années 1980 pour comprendre l'impact que cette tragédie a eu sur la société française de l'époque.