Le Prix Goncourt 2024 attribué à Kamel Daoud pour son roman "Houris" !

5 novembre 2024 à 17h44 par La rédaction

Kamel Daoud remporte le Prix Goncourt 2024 pour « Houris », un roman sur les blessures de la décennie noire en Algérie.

Crédit : Kamel Daoud - X

Le Prix Goncourt 2024 a été attribué à « Houris » de Kamel Daoud, un roman puissant publié chez Gallimard. Cette récompense, annoncée le lundi 4 novembre depuis le restaurant Drouant à Paris par l'Académie Goncourt, nouvellement présidée par Philippe Claudel, honore un récit qui explore les traumatismes de la « décennie noire » algérienne, période de guerre civile qui a marqué l’Algérie entre 1992 et 2002.


Kamel Daoud, en compétition avec Sandrine Collette, Gaël Faye et Hélène Gaudy, se voit ainsi consacré pour son travail littéraire qui met en lumière une époque douloureuse de l'histoire algérienne.


Un hommage émouvant à sa famille


À l'annonce de son prix, Kamel Daoud a publié un message poignant sur le réseau X (ex-Twitter), dédié à ses parents. « C’est votre rêve, payé par vos années de vie. À mon père décédé. À ma mère encore vivante, mais qui ne se souvient plus de rien », a-t-il écrit, ajoutant qu'aucun mot ne pourrait exprimer un « vrai merci ». 


Sur France Inter le lendemain, il a partagé sa reconnaissance pour sa mère « qui ne sait ni lire, ni écrire, qui n’a jamais été à l’école », mais qui a toujours cru en son succès. L’écrivain algérien se remémore les sacrifices de ses parents, racontant que son père, dans les moments difficiles, « faisait semblant de ne pas finir son assiette » pour lui permettre de manger.


« Houris » : un roman de mémoire et de lutte


Dans « Houris », Kamel Daoud plonge dans les tragédies de la guerre civile algérienne, un sujet encore sensible et souvent tabou dans son pays natal. Le roman dépeint les massacres et les horreurs qui ont marqué cette période, explorant les blessures physiques et psychologiques qui en découlent. 


Malgré l’interdiction de son livre en Algérie, « Houris » circule sous le manteau, témoignant de l’importance de ce récit pour la mémoire collective algérienne. Kamel Daoud observe avec ironie que cette interdiction pourrait bien « faire circuler le plus rapidement » son ouvrage, lui conférant un statut presque mythique, « comme la pomme biblique ».


Une voix singulière en langue française


Bien qu'il soit né et ait grandi en Algérie, Kamel Daoud écrit en français, une langue qu’il considère comme une « langue intime ». Il raconte que, dans son enfance, le français lui offrait un espace d'évasion, un monde imaginaire où il découvrait des aventures et des figures fascinantes, contrastant avec le quotidien de son village.


« J'étais dans une famille qui ne le parlait pas, qui ne le lisait pas », explique-t-il, ajoutant que la langue française lui a permis de développer une île de liberté au cœur de son enfance.


Un parcours littéraire marqué par la réinterprétation de « L'Étranger »


Avant « Houris », Kamel Daoud s'était déjà fait connaître avec « Meursault, contre-enquête », publié en 2013. Ce premier roman propose une réinterprétation de « L'Étranger » d'Albert Camus, racontant l’histoire du meurtre d’un Algérien du point de vue de son frère, qui cherche à redonner une identité à la victime anonyme du livre de Camus.


Ce livre, salué par la critique, lui avait valu le Goncourt du premier roman. Il en est ressorti comme l’une des voix littéraires les plus influentes du monde arabe.


Le prix Renaudot décerné à Gaël Faye pour « Jacaranda »


Le même jour, le prix Renaudot a été attribué à Gaël Faye pour son roman « Jacaranda », paru aux éditions Grasset, une œuvre centrée sur la reconstruction du Rwanda après le génocide. Gaël Faye, auteur de « Petit Pays », poursuit ici son exploration des blessures et des résiliences africaines, marquant une continuité dans ses engagements littéraires.