Rachid Mekhloufi, une vie dédiée au ballon et à la liberté !

Le monde du football vient de perdre l’une de ses légendes. Rachid Mekhloufi, figure emblématique du sport algérien et ancien joueur de l’équipe du Front de Libération Nationale (FLN), est décédé ce vendredi 8 novembre,  à l’âge de 88 ans. Né le 12 août 1936 à Sétif, Rachid Mekhloufi laisse derrière lui un parcours exceptionnel marqué par son engagement sportif et politique.

Des débuts prometteurs à l'AS Saint-Étienne

Rachid Mekhloufi fait ses premiers pas dans le monde du football en 1952 au sein du club de l'USM Sétif, en Algérie. À seulement 18 ans, il attire l’attention de Jean Snella, qui le recommande aux recruteurs de l’AS Saint-Étienne. En 1954, il signe son premier contrat professionnel avec les Verts, où il s’impose rapidement comme l’un des meilleurs espoirs du football français.

En 1957, Rachid Mekhloufi décroche le titre de Champion de France avec l’ASSE, inscrivant 25 buts pour son équipe cette saison-là. Il enchaîne également les succès avec l’équipe de France militaire, remportant le titre de Champion du Monde militaire en juillet 1957 à Buenos Aires. Sa carrière s’annonce brillante, et son nom figure même sur la liste des potentiels sélectionnés pour la Coupe du Monde de 1958.

L'engagement pour l'indépendance de l'Algérie

Mais en avril 1958, en pleine guerre d'Algérie, Rachid Mekhloufi fait un choix qui bouleverse sa carrière. Il quitte la France pour rejoindre l’équipe de football du FLN, une équipe formée par des joueurs algériens évoluant en France pour promouvoir la cause indépendantiste algérienne à travers le monde. Avec des joueurs tels que Mokhtar Arribi et Abdelhamid Kermali, il participe à des matchs de gala pour sensibiliser la communauté internationale à la lutte algérienne.

Pendant quatre ans, Rachid Mekhloufi et ses coéquipiers du FLN sillonnent le monde pour défendre pacifiquement l’idée d’un État algérien indépendant. Ce geste courageux, qui lui coûte sa carrière en France, fait de lui une figure de la résistance par le sport et lui confère une place particulière dans l’histoire algérienne.

Le retour en France et les années de gloire avec l’ASSE

Après la fin de la guerre en 1962 et la dissolution de l’équipe du FLN, il reprend le chemin du football professionnel. Il rejoint le Servette de Genève en Suisse, avant de revenir à Saint-Étienne en 1963, où il est accueilli avec bienveillance par les supporters.

Sa seconde carrière stéphanoise est couronnée de succès : il remporte trois autres titres de Champion de France (1964, 1967 et 1968) et devient une icône du club. En 1968, il offre aux Verts leur premier doublé Coupe-Championnat en marquant deux buts en finale de la Coupe de France.

Une carrière d’entraîneur et un engagement pour le développement du football

Après sa retraite en tant que joueur, le natif de Sétif se tourne vers une carrière d’entraîneur. En 1968, il rejoint le SEC Bastia en tant qu’entraîneur-joueur, avant de devenir sélectionneur de l’équipe nationale d’Algérie, pour laquelle il travaille à plusieurs reprises. En 1988, il occupe brièvement le poste de président de la Fédération algérienne de football.

Durant les dernières années de sa vie, Rachid Mekhloufi s’investit dans le développement du football en Afrique, lançant notamment des écoles de football en Algérie sous l’égide de la Fondation du FLN. En 2012, il participe au documentaire Les rebelles du football d’Éric Cantona, où il revient sur son engagement politique et sportif.

Adieu à une légende qui a marqué bien plus que le sport

Rachid Mekhloufi est resté une figure respectée et admirée des deux côtés de la Méditerranée. En 2013, il est nommé ambassadeur de l’AS Saint-Étienne, un club qui lui doit une grande partie de sa gloire. En 2022, So Foot le classe à la 25e place des meilleurs joueurs ayant évolué dans le championnat de France.

Au-delà de ses prouesses sur le terrain, Rachid Mekhloufi a marqué les esprits par son intégrité et son engagement pour la paix et la solidarité. Son parcours est celui d’un homme pour qui le football fut bien plus qu’un sport : un moyen de défendre ses convictions et de porter un message universel.

Le monde du football pleure aujourd’hui la disparition de Rachid Mekhloufi, dont l’impact dépassait largement les frontières des stades.