Aide médicale d’État : la CMP acte une baisse de 111 millions d’euros en 2025 !

Après des débats houleux, la commission mixte paritaire a validé une réduction budgétaire moins sévère que celle initialement proposée par la droite.

Publié : 31 janvier 2025 à 20h59 par La rédaction

AME - Aide médicale d’État
Crédit : CPAM

La question de l’Aide médicale d’État (AME) continue d’alimenter les tensions politiques en France. Après des discussions animées, la commission mixte paritaire (CMP), réunissant députés et sénateurs, a finalement tranché ce vendredi 31 janvier.

Le budget alloué à ce dispositif sera réduit de 111 millions d’euros en 2025, contre les 200 millions initialement votés par le Sénat.

Un compromis budgétaire après des tensions politiques

L’AME, qui permet aux étrangers en situation irrégulière d’accéder à des soins de base, représente un budget de 1,3 milliard d’euros, soit environ 0,5% des dépenses de santé inscrites dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

La droite et l’extrême droite réclamaient une coupe drastique, estimant que cette aide constituait « un encouragement à la clandestinité ». À l’inverse, une partie de la majorité présidentielle et la gauche plaidaient pour son maintien, rappelant son importance sanitaire et humanitaire.

Finalement, c’est la proposition du député Renaissance David Amiel, soutenue par les élus socialistes, qui a été retenue. La réduction budgétaire actée permet de stabiliser les crédits alloués à l’AME au niveau de 2024, sans entraîner de modifications majeures du dispositif.

Une aide essentielle sous le feu des critiques

L’AME permet à environ 466 000 bénéficiaires d’accéder à des soins médicaux et dentaires, aux médicaments remboursés, aux analyses médicales et à l’hospitalisation. Elle prend également en charge certaines vaccinations, dépistages, ainsi que la contraception et l’IVG.

Toutefois, cette aide est régulièrement remise en question. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait affirmé il y a deux semaines sur BFM TV son souhait de « toucher » à ce dispositif. Il s’appuyait notamment sur un rapport remis fin 2023 par l’ancien ministre PS Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, qui suggérait un ajustement du panier de soins pris en charge.

Si ce rapport pointait un possible effet attractif pour l’immigration clandestine, il soulignait aussi que restreindre l’AME risquerait d’aggraver la santé des migrants et de favoriser la propagation de maladies.

Une bataille idéologique autour de l’AME

Le débat autour de l’AME est emblématique des clivages politiques. La droite et l’extrême droite militent pour une réduction drastique, voire une suppression de cette aide, alors que la gauche, le centre et une majorité de professionnels de santé insistent sur son rôle essentiel dans la prévention des risques sanitaires.

« Affaiblir l’AME, c’est exposer notre système de santé à une pression accrue de prises en charge plus tardives et donc plus graves et plus coûteuses », alertaient en septembre huit anciens ministres de la Santé, dont Aurélien Rousseau, Roselyne Bachelot et Olivier Véran, dans une tribune publiée dans Le Monde.

Le député socialiste Boris Vallaud a également pris position contre un démantèlement du dispositif, appelant la majorité à ne pas « céder aux plus vils fantasmes de l’extrême droite ».

Un compromis qui ne met pas fin aux débats

Si la CMP a acté une baisse de 111 millions d’euros, bien inférieure aux 200 millions initialement votés par le Sénat, ce compromis ne met pas un terme à la polémique. Le sujet de l’AME reste hautement sensible et pourrait revenir sur le devant de la scène lors des prochaines discussions budgétaires.