Algérie : les mesures du gouvernement pour réguler les importations véhicules d’occasion de moins de 3 ans !
15 octobre 2024 à 12h30 par La rédaction
Face aux dérives spéculatives, le gouvernement algérien instaure des mesures pour réguler l'importation des véhicules de moins de trois ans.
Depuis l’assouplissement des règles d’importation des véhicules de moins de trois ans en 2023, le marché automobile algérien a connu une forte croissance. Cependant, cette libéralisation a engendré des pratiques spéculatives, incitant le gouvernement à revoir sa politique.
Dans le cadre de l’avant-projet de loi de finances 2025, des restrictions supplémentaires sont proposées pour réguler ce secteur.
Une interdiction de revente pour limiter la spéculation
L’une des mesures phares de la nouvelle loi de finances consiste à rendre les voitures d’occasion importées « incessibles » pendant une période de trois ans après leur achat à l’étranger. Selon l'article 203 du projet de loi, « les véhicules importés de moins de trois ans de l’étranger sont incessibles pour une durée de trois ans à compter de la date de leur acquisition ».
Cette restriction vise à freiner la revente rapide des véhicules à des prix gonflés, une pratique devenue courante depuis l'ouverture des importations des voitures de moins de trois ans en Algérie.
L'objectif principal de cette mesure est de lutter contre les spéculateurs qui profitent des avantages fiscaux et douaniers accordés aux particuliers pour acheter des véhicules à bas prix à l'étranger et les revendre rapidement à des tarifs beaucoup plus élevés sur le marché national.
Types de véhicules concernés par la mesure
La proposition de la loi de finances 2025 s'applique à différents types de véhicules, qu’ils soient à moteur thermique, électrique ou hybride. Elle concerne à la fois les voitures de tourisme et les véhicules utilitaires de moins de trois ans importés par les résidents algériens.
Un gel inquiétant pour les consommateurs
Le 1er octobre 2024, une note officielle a annoncé la suspension temporaire de la délivrance des cartes grises pour les véhicules de moins de trois ans. Cette décision, prise dans le cadre du décret exécutif 23-74 de février 2023, a provoqué une vive inquiétude chez les consommateurs.
Le ministère de l’Intérieur algérien avait alors demandé aux walis de suspendre « temporairement » l’immatriculation de ces véhicules, dans le but d’établir un fichier national pour mieux réguler le marché et prévenir les risques de fraude et de vol de voitures importées.
Cette suspension a conduit l’Organisation algérienne de défense des consommateurs (APOCE) à réagir. Dans une lettre adressée au Premier ministre, l'APOCE a dénoncé le blocage administratif des dossiers de demande de carte grise. Selon l’organisation, cette interprétation des directives prive les consommateurs de leurs droits, les empêchant de faire circuler ou d'assurer leurs véhicules, bien qu’ils aient été importés légalement.
Une économie fragilisée par la spéculation
Selon des chiffres rapportés par le journal El Khabar, les Algériens ont dépensé 386,28 millions de dollars pour l’importation de 26 562 véhicules de moins de trois ans entre 2023 et le premier semestre 2024.
Cette explosion du marché a incité le gouvernement à agir pour éviter une flambée des prix et protéger les consommateurs. En 2023, 9 970 véhicules d'occasion ont été importés pour une valeur de 142,40 millions de dollars, tandis que sur les six premiers mois de 2024, 16 592 voitures supplémentaires ont été importées pour un total de 243,88 millions de dollars.
Bien que l’importation de véhicules de moins de trois ans reste autorisée, la régulation stricte de leur revente et l’encadrement administratif de leur immatriculation devraient permettre, selon les autorités algériennes, de mieux contrôler le marché automobile en Algérie.