André Miquel, historien et spécialiste de la langue et de la littérature arabe, n’est plus !
29 décembre 2022 à 16h50 par La rédaction
Le monde de la littérature est en deuil ! L’historien André Miquel, spécialiste de la langue et de la littérature arabe, s’est éteint mardi 27 décembre à l’âge de 93 ans.
André Miquel
Crédit : Par Rani777 — CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29784780
André Miquel lors d'un colloque à l'Institut du Monde Arabe à Paris, le 23 novembre 2013.
La disparition d’André Miquel en a ému plus d’un ! Il faut dire qu’il a marqué de nombreuses générations notamment grâce à ses travaux historiques et sa fascination pour la langue et la littérature arabe.
Qui est André Miquel ?
Fils d'instituteur, il est né à Mèze (Hérault) en Languedoc, au bord de l'Etang de Thau, près de Saint-Guilhem-le-Désert, une terre aride et reposante.
Ce paysage sauvage en bordure du Causse du Larzac a laissé une empreinte durable sur André Miquel, qui en fera le décor de son premier roman, « Les Lavagnes » (Flammarion, 1975).
L'année 1940 est celle où le jeune André découvre ce monde de pouvoir et de solitude. Il entre à l'École Normale Supérieure en 1950 et en sort agrégé de grammaire en 1953 et docteur en lettres.
En 1953-1954, il obtient une bourse pour étudier à l'Académie d'Arabe de Damas.
Une fascination pour le monde arabe et le coran !
Connu pour ses travaux sur la géographie du monde arabe, la poésie et la littérature arabe et sa traduction des mille et une nuits, son intérêt pour le monde arabe remonte à un voyage au Maghreb qu'il réalise en 1946 après avoir remporté un concours de géographie générale.
Agé de 17 ans, l’adolescent revient de son voyage ébloui par le Maghreb et se plonge dans l’étude du coran grâce à la traduction de Claude-Étienne Savary.
Il accomplit son service militaire entre 1954 et 1955 puis est promu secrétaire général de la Mission culturelle et archéologique française à Addis-Abeba en Éthiopie (1955-1956), avant de commencer sa carrière d'enseignant du secondaire à Blaise, au sein du Lycée Pascal à Clermont-Ferrand.
Il n'y restera qu'un an car, à l'appel du Quai d'Orsay, il est nommé chef du service Afrique-Asie de la Direction générale des relations culturelles et techniques du ministère (1957-1961), puis chef des Universités arabes françaises et de la Mission culturelle de la République (1961-1962).
André Miquel a été de 1976 à 1997 titulaires de la chaire de langue et littérature arabes classiques au Collège de France, dont il a été l’administrateur général de 1991 à 1997, après avoir été celui de la Bibliothèque nationale de 1984 à 1987.
Un homme ouvert d’esprit et modéré
Malgré sa passion pour la beauté du coran dès l'âge de 17 ans, qu'il a ensuite relu dans les traductions de ses professeurs Jacques Berck et Régis Bracher, Miquel n'a jamais pensé à se convertir à l'islam.
Face à un vieux musulman qui s’étonnait de la connaissance et de la sympathie profonde qu’André Miquel avait de la civilisation et de la religion, il lui répond : « Chrétiens et musulmans, nous sommes d'accord pour soutenir qu'il n'y a qu'un Dieu, d'accord pour dire que le mystère de Dieu est imprescriptible, et irréductible au langage des hommes et à la raison. Mais nous, chrétiens, nous allons plus loin. Nous pensons que pour approcher Dieu un peu plus, il faut verser un peu dans la déraison ».
L’érudit s’affirme comme étant un homme modéré car il est convaincu que l’homme n’est pas la mesure de toute chose.