"Comment veux-tu que ça aille bien alors qu’on est la 7ᵉ puissance au monde ?" : inégalités, pouvoir d’achat, stigmatisation, Karim Zéribi lance un coup de gueule sur Beur FM !

Ils sont nombreux, ces Français qui se sentent invisibles, étouffés par les inégalités, le poids d’un pouvoir d’achat en berne, ou la stigmatisation insidieuse. Sur Beur FM, une tribune leur est dédiée sans tabou pour faire entendre leurs voix, éclairer l’actualité nationale et internationale, et briser ce silence pesant.

Publié : 5 décembre 2024 à 18h09 par La rédaction

C’est dans un contexte de tensions sociales et d’inquiétudes grandissantes que des voix émergent pour donner du sens aux débats. À une époque où les fractures se creusent, Beur FM s’impose comme un espace de dialogue.


Chaque mercredi soir de 19h à 20h, « Face à Zéribi », animé par Adile Farquane et Karim Zéribi dans le cadre de l’émission « Les Zinformés », plonge au cœur des enjeux sociaux et économiques qui préoccupent les Français.


L’émission de cette semaine a offert un débat vibrant, nourri par les interventions des auditeurs, avec au programme : pouvoir d’achat, inégalités sociales, et islamophobie. Retour sur une soirée où les mots ont porté haut les maux d’une France en quête de justice sociale et de reconnaissance.


Quand la survie remplace la vie : un cri d’alarme social


Dès le début de l’émission, Karim Zéribi a mis les pieds dans le plat en décrivant une société en crise profonde. « Les salaires sont très faibles, très bas. Aujourd’hui, on peut le dire clairement, les Français ne vivent pas, ils survivent lorsqu’ils vivent au SMIC », a-t-il déclaré.


Pour beaucoup, ces mots résonnent comme une évidence. Avec un salaire minimum net de 1398 euros, il est devenu presque impossible de joindre les deux bouts. Et les chiffres sont édifiants. Karim Zéribi rappelle que près de 9 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté et que « dans les quartiers populaires » « il y a 50% de chômage » chez les « jeunes ».


Ces statistiques témoignent d’un malaise généralisé, renforcé par une inflation galopante sur les produits de première nécessité. « Il y a des Français qui vivent avec 150 à 200 euros par mois. Comment veux-tu que ça aille bien alors qu’on est la 7ᵉ puissance au monde ? », interroge Karim Zéribi, soulignant l’échec d’un système où « toutes les études et les statistiques nous disent que ceux qui gagnent beaucoup d’argent se sont enrichis. Et ceux qui en gagnent peu, ou ceux qui font partie des classes moyennes, ont ressenti une forme de déclassement dans la société ».


L’éditorialiste ne s’arrête pas là. Il pointe également du doigt les conditions de vie indécentes imposées à de nombreux travailleurs dits « essentiels ». « Prends les chargés de rayon dans les supermarchés. Prends les livreurs, chauffeurs-livreurs. […] Métiers essentiels. Les gens qui vont aider les personnes âgées. Métiers essentiels. Mais ces gens-là, on les paye au lance-pierre », a-t-il martelé.


Pour Karim Zéribi, ce décalage entre la reconnaissance symbolique et la rémunération réelle alimente un profond sentiment d’injustice. « Le salaire médian, c’est 2 050 euros… Quand tu as payé tes charges contraintes, ton électricité, le gaz, l’essence de la voiture, le loyer… Comment tu fais ? » a-t-il ajouté, insistant sur le fait que ces questions devraient être au cœur du débat public.


Pour l’éditorialiste, la fracture sociale actuelle est aussi le résultat de politiques économiques injustes. De Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, en passant par François Hollande, il fustige une série de gouvernements qui n’ont pas su redonner espoir aux Français.


« Sarkozy, c’était, souviens-toi, travailler plus pour gagner plus. C’est pas vrai. Les gens travaillaient plus mais ils ne gagnaient pas plus. […] Hollande, il a dit, je vais combattre la finance. Qu’est-ce qu’il a combattu ? Il n’a rien combattu du tout. […] Et Macron arrive, il dit, je vais faire le ménage. Au-dessus de la droite, je vais faire la gauche. En gros, je vais prendre ce qu’il y a de bien à droite, ce qu’il y a de bien à gauche. Et qu’est-ce qu’on a vu ? On a vu une politique de droite », a-t-il déploré.


Karim Zéribi ne se contente pas de critiquer. Il propose également une réflexion sur la place du travail dans la société. « Quand vous vous levez le matin et que vous allez au boulot, normalement vous devez avoir le sentiment d’être récompensé à la fin du mois. Il y a un adage qui dit tout travail mérite salaire. Or aujourd’hui, les Français n’en peuvent plus », a-t-il averti.


Enfin, l’éditorialiste a conclu en rappelant un chiffre choc : un tiers des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté. « 9 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. On est la septième puissance au monde. Donc voilà pourquoi aujourd’hui on a une censure », a-t-il prévenu.


Une place précieuse pour Beur FM dans le paysage médiatique


Dans ce contexte de malaise social, les auditeurs de Beur FM jouent un rôle crucial en exprimant leur quotidien et leurs frustrations sur l’antenne en toute liberté. Karim Zéribi, conscient de cet engagement, a tenu à souligner l’importance de la radio. « Heureusement qu’il y a Beur FM », a-t-il affirmé avec force.


Ce sentiment est partagé par les nombreux auditeurs et auditrices qui ont pris la parole lors de l’émission. Nadia, une Toulousaine, a notamment évoqué la question du racisme au faciès, pointant une discrimination souvent déguisée derrière des prétextes religieux. « Quand on a une tête d’Arabe, même si on est musulman pratiquant ou non, on devient une cible », a-t-elle résumé.


L’émission permet aussi de démontrer que la diversité est une force pour le débat public. Lilia, une autre auditrice, a insisté sur le rôle des médias dans la montée des discriminations. « Tous les jours, tous les jours, il n’y a pas un sujet qui n’est pas envers les musulmans ou la communauté arabo-musulmane ou les maghrébins. […] Ça fait augmenter aussi l’islamophobie », a-t-elle dénoncé.


Islamophobie : un mal insidieux qui gangrène la société


L’islamophobie a été l’un des thèmes centraux de la soirée. Karim Zéribi, dans une intervention sans détour, a dénoncé une stigmatisation systématique qui touche de nombreux citoyens français de confession musulmane.


« Les musulmans veulent quoi ? Veulent vivre dans l’indifférence. L’indifférence des médias, l’indifférence des politiques de droite et d’extrême droite qui les pointent du doigt, tel un problème de la société française, Il n’y a pas de grand remplacement à dire », a-t-il déclaré, en condamnant fermement les amalgames entre islam et islamisme, ainsi que les fantasmes alimentant le rejet de cette communauté.


« Est-ce que vous avez déjà vu une manifestation de musulmans qui demandent des droits différenciés en France ? Jamais ! », a ajouté Karim Zéribi, soulignant que « les musulmans sont d’une discrétion impressionnante, n’ont jamais remis en cause la loi française, n’ont jamais remis en cause le principe de laïcité ». Pour l’éditorialiste, cette réalité contraste fortement avec les discours de certains acteurs politiques et médiatiques qui contribuent à diviser la société.


Les témoignages des auditeurs ont confirmé la profondeur de ce malaise. Fadela, une habitante de Vitry, a décrit un climat de suspicion généralisée : « On ne peut pas dire ouvertement qu’on fait le ramadan. Il faut subtiliser le discours et être musulman avec une consonance arabe. On fait une demande de stage et les réponses se font rares, ou alors négatives ». Une expérience partagée par beaucoup, qui reflète un racisme déguisé sous des prétextes divers, mais souvent dirigé vers les mêmes cibles.


L’ancien eurodéputé a également dénoncé le rôle néfaste de certains médias dans l’alimentation de ce climat. « Les musulmans veulent vivre leur religion dans la sérénité, dans la tranquillité. Ils ne veulent plus être pointés du doigt, stigmatisés ou être confondus avec les islamistes et les terroristes », a-t-il martelé, en appelant à une prise de conscience collective pour lutter contre cette dérive. 


Pouvoir d’achat : le grand oubli des politiques


Malgré la gravité des discriminations abordées, c’est bien la question du pouvoir d’achat qui a dominé les débats. Karim Zéribi a dénoncé le décalage entre les préoccupations des Français et les priorités affichées par les politiques. « Mais les politiques ne répondent pas à ça. Toute la journée, ils nous parlent des mêmes sujets. Tu sais, l’insécurité, l’immigration, l’identité », a-t-il regretté.


Selon lui, ces sujets, bien qu’importants, sont souvent utilisés comme des écrans de fumée pour éviter de s’attaquer aux véritables problèmes. « Donc les Français veulent aujourd’hui, non pas survivre, mais vivre de leur travail. Et donc il y a une situation qui est explosive dans le pays »... « Les politiques ne savent pas répondre à ça, ou ne veulent pas répondre à ça », a-t-il martelé.


Un appel à la justice sociale


Pour conclure, Karim Zeribi a appelé à un changement radical de cap. Selon lui, seule une politique axée sur la justice sociale et la valorisation du travail pourra réconcilier les Français avec leurs dirigeants. « La véritable politique qu'on doit mener aujourd'hui, c'est plus de justice sociale, plus de salaires, de bas salaires qui voient un peu leur salaire augmenter, plus de considération au travail, moins de pénibilité. Et ça, ça s'appelle une politique noble. Une politique pour les Français », a-t-il affirmé.