Complémentaires santé : la Mutualité Française annonce une hausse des tarifs en 2025 !
Alors que les dépenses de santé continuent de croître, les mutuelles annoncent une augmentation moyenne des cotisations, alimentant le débat sur la gestion du système de santé.
Publié : 19 décembre 2024 à 15h03 par La rédaction
Les cotisations des complémentaires santé à statut mutualiste, qui couvrent près de 19 millions de Français, augmenteront en moyenne de 6% en 2025. Cette hausse, annoncée par la Mutualité Française, reflète une tendance qui s’accélère depuis plusieurs années, poussée par des dépenses de santé en augmentation constante et des transferts de charges de l’Assurance maladie vers les organismes complémentaires.
Une hausse généralisée
Les contrats individuels, qui représentent 64% des adhérents et concernent principalement les jeunes, les personnes âgées et les indépendants, verront leurs cotisations augmenter en moyenne de 5,3%. Les contrats collectifs obligatoires connaîtront une hausse encore plus marquée, avec une augmentation de 7,3%, tandis que les contrats collectifs facultatifs subiront une hausse de 6,8%.
Cette augmentation s'inscrit dans un contexte où les dépenses de santé en France progressent plus rapidement que le PIB. En 2023, ces dépenses ont augmenté de 5,2%, après une hausse de 4% en 2022.
Selon Éric Chenut, président de la Mutualité Française, « les dépenses de santé augmentent deux à trois fois plus vite que la richesse nationale ». Il alerte sur les défis structurels liés au vieillissement de la population et aux avancées médicales : « Sans refonte globale, ces dépenses continueront d’augmenter jusqu’à ce que nous ne puissions plus y faire face ».
Les raisons derrière cette augmentation
Plusieurs facteurs expliquent la hausse des cotisations. D’abord, la montée des dépenses remboursées par les mutuelles, qui progressent plus vite que l’ensemble des dépenses de santé. En 2023, ces remboursements ont grimpé de 64%, après une hausse de 4,3% en 2022.
Ces chiffres traduisent des dépenses croissantes dans des secteurs comme l’optique (+6,2%) ou le dentaire (+5,5%), ainsi que le financement de nouvelles prestations, comme les traitements contre la bronchiolite ou les actions de prévention bucco-dentaire.
Par ailleurs, les transferts de charges de l’Assurance maladie vers les mutuelles pèsent lourdement. Ces transferts, opérés sans concertation, augmentent les coûts supportés par les complémentaires, sans leur accorder les moyens de mieux gérer ces dépenses.
Éric Chenut critique une approche « unilatérale et comptable » des pouvoirs publics, qui font des mutuelles une « variable d’ajustement » pour réduire le déficit de l’Assurance maladie, estimé à plus de 18 milliards d’euros cette année.
Des frais de gestion sous le feu des critiques
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a dénoncé des frais de gestion élevés, compris entre 10 et 28% selon les mutuelles, qui incluent des dépenses de marketing et de publicité. Ces critiques nourrissent un débat sur l’efficacité de la gestion des mutuelles, d’autant plus que certains assurés renoncent désormais à souscrire une complémentaire, faute de moyens pour faire face à la hausse des cotisations.
Stéphane Junique, président du groupe mutualiste VYV, rejette ces accusations : « Les frais de gestion servent en grande partie à des actions de prévention et dans le réseau d’agences de proximité ». En comparaison, la Sécurité sociale affiche des frais de gestion estimés à seulement 4%, selon UFC-Que Choisir.
De nouveaux défis pour les complémentaires santé
En 2025, les mutuelles devront également absorber l’augmentation des tarifs médicaux. Par exemple, la consultation chez le médecin généraliste passera de 26,50€ à 30€ en décembre 2024, une hausse que les mutuelles devront en grande partie prendre en charge. De même, elles couvriront désormais 40% des frais dentaires, contre 30% en 2023.
Face à ces défis, la Mutualité Française appelle à des réformes structurelles pour préserver la soutenabilité du système. Elle propose notamment de repenser la répartition des financements entre Assurance maladie et complémentaires, d’investir dans une véritable politique de prévention, et de lutter contre les sur-prescriptions et les fraudes.
Une situation préoccupante pour les assurés
Si les mutuelles restent solides financièrement, avec des fonds propres largement supérieurs aux minima réglementaires selon la Drees, leur résultat en santé est pour la première fois déficitaire en 2023 (-0,4%). Cette situation reflète les pressions croissantes sur le système, qui risque de devenir de moins en moins accessible pour de nombreux Français.
En attendant une réforme d’ampleur, les assurés doivent faire face à une troisième année consécutive de hausse des cotisations, après des augmentations de 4,7% en 2023 et de 8,1 en 2024. Pour certains, cette tendance risque d’aggraver le phénomène de renoncement à la mutuelle, accentuant ainsi les inégalités d’accès aux soins.