Les massacres du 8 mai 1945 en Algérie : Sétif, Guelma, Kherrata !

8 mai 2024 à 4h36 par La rédaction

Près de huit décennies après, les cicatrices du massacre du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata restent gravées à jamais dans l’histoire coloniale française en Algérie.

Le 8 mai 1945 est gravé dans la mémoire collective française comme le jour de la victoire contre le nazisme. Cependant, à des milliers de kilomètres de l'Europe, dans l'Algérie encore sous joug colonial, cette date est synonyme de tragédie. Alors que les cloches sonnaient la fin de la guerre en Europe, à Sétif, Guelma, et Kherrata, une série d'événements a déclenché un des massacres les plus sanglants de l'histoire coloniale française en Algérie.


Des manifestations aux massacres 


À Sétif, le déroulement tragique commence avec une manifestation pacifique. Les algériens, rassemblés pour célébrer la victoire alliée, revendiquent leur indépendance. Malgré les restrictions strictes imposées par les autorités coloniales sur le port uniquement du drapeau tricolore, un jeune scout algérien, nommé Bouzid Saâl, âgé de 26 ans, porte un drapeau algérien.


Sa mort par balle, tirée par un policier français, met le feu aux poudres. La colère explose, la joie laisse place à la tragédie, et la répression des forces de l’ordre se solde par des centaines, voire des milliers de morts.


Des chiffres en dissonance


Les statistiques relatives au nombre de victimes varient selon les sources. Les autorités françaises de l'époque avancent le chiffre de 1 165 morts algériens selon le rapport du général Duval, tandis que les estimations algériennes  évoquent jusqu'à 45 000 décès d’après le Parti du peuple algérien (PPA). Les historiens contemporains estiment que le nombre de décès pourrait se situer entre 5 000 et 30 000. 


Reconnaissance et commémoration


En Algérie, les événements de ce jour sont commémorés chaque année, servant de rappel solennel de la lutte pour l'indépendance. La reconnaissance de ces événements par la France a été timide mais significative. Hubert Colin de Verdière, ambassadeur de France en Algérie a qualifié, le  27 février 2005, les massacres de « tragédie inexcusable » lors d'une visite à l'université de Sétif. 


Enjeux de mémoire


L'importance des massacres de 1945 dépasse les faits eux-mêmes ; ils symbolisent les tensions de l'ère coloniale en Algérie. La répression brutale qui a suivi les manifestations a catalysé le mouvement indépendantiste algérien, plaçant les événements de Sétif, Guelma et Kherrata comme précurseurs directs de la guerre d'indépendance algérienne qui éclatera neuf ans plus tard.


Un passé qui résiste à l'oubli


Les massacres du 8 mai 1945 demeurent un point sensible dans l’histoire franco-algérienne, illustrant les cicatrices profondes laissées par la période coloniale. Ils soulèvent des questions toujours actuelles sur la mémoire collective, la reconnaissance des faits historiques et la réconciliation historique et mémorielle entre Paris et Alger.