Avoir deux fois 20 ans en 2020 en prison !

10 mai 2020 à 16h41 par Nacer Kettane

Né avec le printemps démocratique Amazigh d’avril 80, premier « moment » post révolutionnaire nord africain, il a seulement 8 ans en octobre 88 quand des centaines de jeunes algérois tombent sous les balles de l’armée algérienne qui pour la première fois depuis l’indépendance tire sur sa jeunesse. 


La décennie sanglante (euphémisme désignant la guerre civile) entre 1990 et 2000 lui vole son enfance et son adolescence en même temps qu’elle envoie au cimetière des centaines de milliers de femmes, enfants, hommes qu’on a assassinés une seconde fois en amnistiant les bourreaux. 


Il a à peine 21 ans, l’âge de toutes les insouciances, quand la gendarmerie tue près de 150 de ses frères en Kabylie dans un printemps devenu définitivement noir.


Puis 20 ans durant c’est l’école de la vie avec son lot d’adversité et de challenges. 


S’adonner à ce beau métier de journaliste à travers la radio, la télévision, la presse écrite, le digital. Faire honneur à Tahar Djaout, à Alloula, à Kateb Yacine, à Mohamed Zinet… en un mot à l’Algérie ! 


Issu d’une famille de patriotes, le 22 février sonne comme une nouvelle indépend nce. Fini la résignation face au népotisme, à la corruption. Le pays profond se soulève et de nouveau le message de novembre résonne haut et fort : enfin la jeunesse du pays va prendre en main son destin ! 


Mars 2020 c’est l’impensable et brutalement à coups d’intimidations et de Coronavirus voici qu’on le traite d’espion, de harki. 


Emprisonné il est sali et livré à la vindicte tout simplement parce qu’il faisait son travail de journaliste qui est d’être le témoin de son temps. 


Le 10 mai 2020, Khaled Drareni a eu deux fois 20 ans. Pendant combien de temps encore l’Algérie va-t-elle croupir dans les geôles de l’arbitraire, de la bêtise, de la haine, de la folie ?