Décès d'Annie Steiner, militante engagée de la cause algérienne
22 avril 2021 à 16h04 par Manuel Mariani
Annie Steiner, décédée mercredi soir à l'âge de 93 ans, était une fervente militante de la cause algérienne durant la guerre d'Algérie (1954-1962), ce qui lui a valu tortures et emprisonnements.
Crédit : D.R.
Née en 1928 à Hadjout (ex-Marengo), Annie Fiorio-Steiner, issue d'une famille de Pieds-noirs depuis trois générations, a appris l’arabe en cachette dès l`âge de 12 ans, à un moment où les colons méprisaient les autochtones qu'ils qualifiaient "d'indigènes".
En tant qu'Algérienne de souche européenne, elle a pu poursuivre des études à l'université. Diplômée en 1949, elle travaille dans les centres sociaux algériens, créés par Germaine Tillion (figure de la résistance et ethnologue anticolonialiste) avec pour mission de soigner et d’alphabétiser la population. C'est là où elle se rend compte de "l'oppression et de l'injustice du colonialisme français envers le peuple algérien", avait-t-elle confié.
N'acceptant pas le système colonial réduisant la majorité à la misère et à l'exploitation, Anne Steiner, une révolutionnaire qui place les valeurs de liberté et de justice au-dessus de tout, a ainsi adhéré au Front de Libération nationale (FLN).L'engagement de cette Moudjahida pour la Révolution, dès son jeune âge, lui a couté d'être abandonnée par des proches, notamment son mari parti en emmenant avec leurs deux enfants. Mais, pour elle, "l’Algérie valait bien plus que tous ces sacrifices !".
Arrêtée en 1956 pour "activités subversives", entendre pour engagement en faveur de l'indépendance algérienne, elle sera condamnée à six reprises et incarcérée dans la sinistre prison de Barberousse (Serkadji), sur les hauteurs d’Alger, et au pénitencier d'El Harrach, où elle subira toutes les pressions, intimidations et tortures psychologiques et physiques des autorités coloniales.
Au lendemain de l’indépendance, elle contribuera, au sein d'une poignée de cadres algériens, à la réorganisation de la nouvelle administration après le départ de l'encadrement français.
Haut fonctionnaire au secrétariat général du gouvernement, elle contribuera, jusqu’à sa retraite en 1990, à la formation de dizaines de cadres de la Fonction publique algérienne.