Présidentielle 2022 : pour qui voteront les banlieues populaires ?

L’Ifop publie une enquête portant sur les intentions de vote à la présidentielle 2022 dans les banlieues populaires et les enjeux de ce vote dans ces territoires. Voici les principaux enseignements à retenir.

Publié : 21 janvier 2022 à 10h13 par Fodil

Si les banlieues ont pu attirer l'attention des médias lors des précédentes campagnes présidentielles, elles ont été relativement ignorées cette année par les candidats qui les voient soit comme des territoires sans électeurs, soit comme des zones de back-office marquées par l'insécurité, l'évacuation communautaire ou le terrorisme.


La revue du site GlobalWatchAnalysis a mandaté l’Ifop pour enquêter sur les villes de banlieue les plus populaires.


L'étude, menée sur un échantillon national représentant les 10% les plus pauvres des banlieues françaises, montre que la gauche a perdu la plupart des voix dans les « banlieues populaires » dans toutes les zones sauf les plus difficiles.


En une dizaine d'années, la gauche a perdu une grande partie de la base électorale qu'elle avait historiquement dans les banlieues populaires, en grande partie au profit de la droite « nationale populiste ». La gauche radicale, menée par Jean-Luc Mélenchon, domine toujours arrivant en tête des intentions de votes.


Pour autant, les raisons de voter dans ces banlieues semblent davantage motivées par des besoins socio-économiques que par des problèmes sociaux tels que la lutte contre la discrimination, le racisme ou le sexisme.


La gauche perd du terrain


Historiquement forte dans les banlieues, la gauche ne récolte désormais plus que 36% des suffrages contre 54% en 2012.


L’étude de l’Ifop confirme aussi le rapport de force déjà observé en 2012. Les candidats de la gauche radicale, comme Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, récoltent 26% des suffrages dont 20% attribués au seul candidat de la France Insoumise.


Percée de la droite, Emmanuel Macron boudé


De son côté, la droite gagne du terrain et recueille désormais la moitié des suffrages (49% aujourd'hui, contre 40% en 2012). Mais le succès de cette « droite » c’est d'abord le résultat d'une hausse continue du vote pour les radicaux de droite.


Les 3 principaux candidats nationalistes, Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, recueillent, selon l’étude Ifop, plus d'un tiers des votes d'intention (35%) contre 28,4% en 2017 et 21,9% en 2012.


Dans ces villes sociologiquement défavorables au macronisme traditionnel, la volonté de voter pour Emmanuel Macron est de 15%. Un taux largement inférieur au niveau national qui plafonne à 26 %.


De la même façon, le niveau des intentions de vote pour Valérie Pécresse est légèrement inférieur à la moyenne nationale (14% contre 18% sur le national), mais légèrement supérieur (de 3 points) au score de François Fillon en 2017.


Dans toutes les banlieues pauvres, le clivage est profond, entre les quartiers prioritaires où performent des candidats d'extrême gauche, comme Jean-Luc Mélenchon, et d'autres quartiers plus sensible aux arguments de la droite radicale.


Jean-Luc Mélenchon toujours apprécié


Crédité de 20%, soit plus du double de sa moyenne nationale (9,5%), le candidat Jean-Luc Mélenchon performe et tout particulièrement dans les quartiers prioritaires où il attend les 37%.


Ses électeurs sont constitués à 44% de jeunes de moins 35 ans et les plus discriminés en raison de leur origine géographique, ethnique ou religieuse (33% des votants).


Quelles motivations de vote au premier tour ?


Selon l’analyse de l'enquête, les motivations des électeurs de banlieues, qu'ils résident ou non dans les quartiers prioritaires, se focalisent sur des attentes fortes en matière de services publics, santé, éducation, sécurité des biens et des personnes ainsi que des besoins matériels et socio-économiques (pouvoir d'achat, précarité, chômage).


Parmi les 10 premiers enjeux qui déterminent le vote dans les banlieues populaires au premier tour du scrutin, figurent la lutte contre le chômage (62%) et la précarité (60%), l'éducation (68%) et la sécurisation des services publics (51%).


Dans ces villes, comme dans le reste du pays, les électeurs engageront leur vote en fonction des questions d'identité ou de sécurité.


Sexisme, racisme, haine des personnes LGBT… les habitants des quartiers ne semblent pas plus préoccupés par les discriminations que la moyenne des français (45% prendront en compte ce critère dans leur vote contre 47% au niveau national).


A trois mois du premier tour des présidentielles, les banlieues joueront un rôle important pour la suite des élections.


Pour retrouver l'étude complète réalisée par l'Ifop, cliquez ici.