France-Maroc : Bruno Retailleau officialise depuis Rabat un accord sur l’immigration !

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau officialise depuis Rabat un partenariat franco-marocain pour mieux identifier les migrants en situation irrégulière et faciliter leur retour au pays.

Publié : 15 avril 2025 à 20h15 par La rédaction

Bruno Retailleau
Crédit : Bruno Retailleau - Facebook

Le locataire Place Beauvau a annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif bilatéral destiné à fluidifier les réadmissions de migrants marocains en situation irrégulière en France.

À l’issue d’un entretien avec son homologue marocain Abdelouafi Laftit, les deux parties se sont accordées sur la création d’un groupe mixte chargé de vérifier la nationalité des personnes concernées, étape préalable indispensable à leur renvoi.

Une réponse à une problématique persistante

Ce groupe de travail aura pour mission principale d’examiner les cas de migrants présumés marocains, afin de confirmer ou non leur nationalité.

Pour Bruno Retailleau, cette démarche est essentielle pour « accroître l'efficacité des réadmissions », et constitue un levier concret pour sortir de l'impasse que représente, bien souvent, l'absence de laissez-passer consulaires. Le ministre de l’Intérieur estime que la collaboration d’équipes mixtes sur ce dossier permettra une avancée décisive sur un dossier longtemps bloqué.

Du côté marocain, le ministère de l’Intérieur a réaffirmé son « engagement total » à élaborer un cadre de référence partagé, qui régira les futures procédures de réadmission.

Une coopération en voie de consolidation

Ce nouveau pas dans la coopération franco-marocaine intervient dans un climat diplomatique apaisé entre les deux pays. En reconnaissant en 2024 la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, la France a contribué à relancer une relation longtemps tendue, notamment sur la question migratoire. On se souvient qu’en 2021-2022, Paris avait réduit de moitié l’octroi de visas aux Marocains, en réponse au refus de Rabat de délivrer davantage de laissez-passer pour ses ressortissants à expulser.

Aujourd’hui, les relations sont en nette amélioration. À Rabat, Bruno Retailleau a salué un « dialogue migratoire de très grande qualité », selon des propos relayés par son entourage. La visite fait suite à une première rencontre entre les deux ministres, lors de la visite d’Emmanuel Macron en octobre 2024, où avait été évoqué un « partenariat renforcé » pour lutter contre les trafics et les entrées illégales sur le territoire français.

Des progrès déjà visibles

Les premiers résultats de cette coopération sont jugés encourageants par Paris. Le taux de délivrance de laissez-passer consulaires par le Maroc est passé de 26% à 52% en un an. Sur les deux premiers mois de 2025, les renvois vers le Maroc ont augmenté de 60% par rapport à la même période de l’année précédente. Près de 96% des Marocains en situation irrégulière et disposant de papiers d'identité ont pu être éloignés depuis janvier.

Ces chiffres illustrent, selon les autorités françaises, un net changement de dynamique. Néanmoins, l’écart reste important entre les 9 500 obligations de quitter le territoire (OQTF) prononcées en 2024 contre seulement 1 200 retours effectifs. C’est pourquoi le ministre insiste sur la nécessité d’ancrer ces efforts dans un cadre structuré et durable.

Une méthode assumée : pression sur les visas

Bruno Retailleau ne cache pas que le levier des visas reste une méthode de négociation. En octobre dernier, il rappelait que 238 000 visas avaient été accordés aux ressortissants marocains, pour seulement 1 680 retours forcés. « Si vous ne nous délivrez pas plus de laisser-passer consulaires pour expulser vos ressortissants délinquants, de notre côté, nous délivrerons moins de visas », avait-il prévenu.

Un partenariat à suivre

Avec ce nouvel accord, la France entend renforcer son dispositif de lutte contre l’immigration irrégulière, tout en s’appuyant sur des partenaires jugés fiables et constructifs. Pour Bruno Retailleau, il s’agit désormais de consolider les avancées obtenues depuis octobre, notamment sur les volumes de réadmissions et l'accélération des procédures d'identification.