L’Algérie exige de la France la décontamination des anciens sites nucléaires !
Plus de 60 ans après les essais nucléaires français en Algérie, Alger exige désormais de la France la décontamination des sites d’essais nucléaires dans le Sahara.
Publié : 30 janvier 2025 à 14h16 par La rédaction
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Entre 1960 et 1966, la France a réalisé 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien, sur les sites de Reggane et In Ekker. Ces expérimentations ont laissé un lourd héritage environnemental et sanitaire. Aujourd’hui, Alger intensifie ses revendications et exige que Paris prenne ses responsabilités en procédant à la décontamination des zones touchées.
Une catastrophe environnementale et humaine
Les explosions nucléaires menées par la France ont entraîné une pollution radioactive durable, affectant les sols, les nappes phréatiques et la santé des populations locales. Les régions d’Adrar, Reggane et In Ekker restent marquées par les conséquences de ces essais, avec des taux élevés de maladies, dont des cancers et des malformations congénitales.
La ministre algérienne de l’Environnement, Nadjiba Djilali, a récemment affirmé que la prise en charge de ces déchets radioactifs devait être « une priorité législative ». Elle souhaite inscrire cette exigence dans la loi pour garantir aux générations futures un environnement sain.
« L’auteur de cette catastrophe doit assumer pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques », a-t-elle insisté, rappelant l’impact désastreux des essais sur les populations locales.
Des revendications portées au plus haut niveau
Lors d’une séance plénière du Conseil de la Nation, Salah Goudjil, président de l’institution, a soutenu l’inclusion de cette question dans la législation environnementale algérienne. Il a souligné que cette démarche s’inscrivait dans un combat plus large pour la justice historique et la préservation de la mémoire nationale.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a également réaffirmé la position de l’Algérie en décembre dernier, exhortant la France à « venir nettoyer » les sites contaminés. « Je ne veux pas de votre argent, je n’ai rien à faire avec votre argent », avait-il déclaré, insistant sur la nécessité d’une prise en charge directe des opérations de décontamination par Paris.
Un manque de transparence dénoncé ?
Si la France reconnaît avoir mené ces essais nucléaires en Algérie, elle garde sous secret défense de nombreuses informations sur la localisation précise des déchets radioactifs. En février 2024, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) dénonçait le refus de Paris de divulguer ces données, empêchant ainsi une évaluation précise des zones contaminées et des risques encourus par les populations locales.
L’ONG souligne que ces informations sont cruciales pour mener à bien les opérations de nettoyage et éviter que la contamination ne continue de se propager. De plus, des traces de poussières radioactives issues de ces essais ont été détectées jusqu’en Afrique de l’Ouest et même en France, lors de tempêtes de sable sahariennes.
Un appel à l’action internationale
Plusieurs organisations de défense des droits humains et de lutte contre les armes nucléaires soutiennent les revendications de l’Algérie. Elles appellent la France à lever le secret sur les archives liées aux essais, à fournir une liste détaillée des sites d’enfouissement des déchets et à indemniser les victimes.
Elles demandent également à Paris de signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), afin de démontrer sa volonté de réparer les conséquences de ses expérimentations passées.
Vers une reconnaissance des responsabilités ?
Si la mise en place d’une commission mixte d’historiens entre l’Algérie et la France, décidée par Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, constitue une avancée, son rythme de travail reste lent. Les associations appellent à accélérer les discussions, notamment sur la question des essais nucléaires.