L’Algérie expulse 12 agents de l’ambassade de France !

Crise diplomatique entre Alger et Paris. Les autorités algériennes expulse 12 agents français après la mise en examen d’un de ses diplomates.

Publié : 14 avril 2025 à 13h53 par La rédaction

France-Algérie - Ambassade de France en Algérie
Crédit : Ambassade de France en Algérie - Facebook

Une décision sans précédent depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Les autorités algériennes ont ordonné, dimanche 14 avril, l’expulsion de 12 agents français en poste à l’ambassade de France à Alger.

Ces personnels, dont certains relèvent du ministère de l’Intérieur, ont reçu un délai de 48 heures pour quitter le territoire. Une riposte directe à la mise en examen par la justice française d’un agent consulaire algérien, soupçonné d’implication dans l’enlèvement de l’influenceur opposant Amir Boukhors, plus connu sous le nom d’Amir DZ.

Un acte de rétorsion diplomatique

Dans un communiqué publié, samedi 12 avril, par le ministère algérien des Affaires étrangères, Alger exprime sa « vive protestation » après l’arrestation en France de son agent consulaire, interpellé sans notification préalable à l’ambassade. L’Algérie accuse Paris de ne pas avoir respecté les protocoles diplomatiques et dénonce une atteinte aux immunités que garantit la convention de Vienne.

« Le tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard », affirme le ministère, qui soupçonne des « parties françaises » d’avoir agi pour torpiller la récente reprise du dialogue entre les deux chefs d’État. Selon Alger, l’affaire Amir DZ serait utilisée comme « levain d’une action préméditée » destinée à fragiliser les relations bilatérales.

Une mise en examen sous haute tension

Vendredi 11 avril, trois ressortissants algériens ont été mis en examen à Paris pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire » en lien avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (PNAT).

Parmi eux, un agent en poste dans un consulat algérien en région parisienne. Selon les informations du PNAT, cet homme aurait été localisé près du domicile de l’influenceur grâce au bornage de son téléphone portable.

Une accusation jugée « fragile et farfelue » par le gouvernement algérien, qui dénonce une « cabale judiciaire » sans fondement. Dans son communiqué, Alger réclame la libération immédiate de son diplomate et exige le respect de ses droits dans le cadre des conventions internationales.

La France tente de désamorcer

À Paris, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a regretté une décision « injustifiée », rappelant que l’expulsion de diplomates n’a « aucun lien avec la procédure judiciaire en cours ». Il appelle Alger à « renoncer à ces mesures », tout en prévenant que si celles-ci sont maintenues, la France prendra des mesures de réciprocité.

« Nous avions décidé ensemble de retisser le fil du dialogue au service de nos deux pays », a déclaré Jean-Noël Barrot, visiblement préoccupé par la tournure que prend cette affaire. Il faisait référence à sa récente visite à Alger, où il avait rencontré son homologue Ahmed Attaf ainsi que le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Cette rencontre avait marqué une volonté affichée de réchauffer les relations après plusieurs mois de tensions.

Un contexte diplomatique fragile

Cette expulsion intervient à peine une semaine après les annonces de reprise du dialogue entre Paris et Alger, à la suite d’une conversation téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Les deux chefs d’État avaient alors affiché une volonté commune de « tourner la page » des différends récents. Cette affaire judiciaire relance brutalement les crispations.

Amir DZ, influenceur exilé en France depuis plusieurs années, est considéré par Alger comme une figure subversive. Connu pour ses prises de position virulentes contre les autorités algériennes qui le qualifie de « voyou » utilisé par des « fossoyeurs de la normalisation » entre les deux pays.

Vers une escalade diplomatique ?

Pour l’instant, aucune mesure de rétorsion n’a été officiellement annoncée par Paris, mais une source diplomatique française prévient : « Si l’Algérie maintient cette décision, la France n’aura pas d’autre choix que d’y répondre immédiatement. »

Les personnes expulsées étant sous l’autorité directe du ministère de l’Intérieur, cette décision est également perçue comme un signal politique ciblant Bruno Retailleau, ministre récemment nommé.

À l’heure où les deux pays tentaient de relancer un partenariat stratégique mis à mal par les tensions passées, cet épisode jette une ombre sur les espoirs de rapprochement. Une chose est certaine : la reprise du dialogue, annoncée en grande pompe, semble désormais suspendue à la gestion de cette crise.