Tensions diplomatiques entre Paris et Alger : une relation au bord de la rupture !
Entre annonces politiques, expulsions controversées et différends économiques, les relations franco-algériennes traversent une crise profonde.
Publié : 13 janvier 2025 à 16h32 par La rédaction
Les relations entre la France et l’Algérie sont à nouveau marquées par des tensions vives. Entre les annonces de révisions d’accords bilatéraux, des expulsions controversées et des accusations mutuelles, le dialogue entre les deux pays semble au point mort.
Alors que Paris et Alger s'accusent mutuellement d’escalade et de provocations, les enjeux dépassent le simple cadre diplomatique et mettent en lumière des fractures historiques et économiques.
Vers la suppression de l'accord franco-algérien de 2013
Interrogé sur les relations tendues entre les deux pays, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé sur LCI vouloir « supprimer » l’accord franco-algérien de 2013. Cet accord permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de se rendre en France sans visa.
Selon le garde des Sceaux, cette facilité concerne principalement « des milliers » de membres de la nomenklatura algérienne et non les 10% d'Algériens ayant des liens profonds avec la France, qu’il exclut de cette « mesure de rétorsion ».
Le ministre a également évoqué la nécessité de revoir l’accord bilatéral de 1968, qui accorde aux Algériens un régime dérogatoire concernant la circulation, le séjour et l’emploi en France.
Expulsion de l’influenceur algérien Doualemn
L’expulsion récente de l’influenceur algérien surnommé « Doualemn » a exacerbé les tensions entre les deux nations. L'homme, interpellé à Montpellier après la publication d’une vidéo TikTok incitant à la violence contre un autre individu, a été renvoyé en Algérie. Toutefois, il a été rapidement refoulé par Alger, qui a invoqué une interdiction de territoire.
Cette situation a provoqué une vive réaction en France. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé une « humiliation » de la part de l’Algérie, accusée de chercher à rabaisser la France. Gérald Darmanin a renchéri : « Nous sommes dans un moment très critique et cette humiliation qu’on veut nous faire subir n’est pas acceptable ».
L’affaire a également pris une dimension judiciaire, avec la prolongation de la rétention administrative de l’influenceur en France. Ses avocats ont dénoncé une « détermination féroce » de l’État à son encontre et ont annoncé faire appel de cette décision. D’ailleurs, il sera jugé le 24 février.
Boualem Sansal : un symbole des tensions
Les tensions ne se limitent pas au cadre diplomatique. L'arrestation en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal illustre l’ampleur de la crise. L'auteur est accusé « d'atteinte à l'intégrité du territoire national ». Gérald Darmanin a appelé à sa libération immédiate, affirmant que « l'Algérie s’honorerait » à le faire.
Une détérioration des relations économiques
Sur le plan économique, les différends entre Paris et Alger se creusent. Selon Ahmed Khalifa, ancien député algérien, la France a perdu près de 18 milliards de dollars en contrats et projets sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune.
Parmi ces pertes figurent l'annulation du contrat de gestion du métro d'Alger et celui de la société SEAAL pour la gestion de l'eau. D’autres projets prévus pour des bureaux d’études français, estimés à 10 milliards de dollars, ont également été annulés.
L'Algérie semble avoir redirigé ses relations commerciales et stratégiques vers d'autres partenaires, notamment l'Italie, la Russie et la Chine.
Une guerre d’influence entre passé colonial et intérêts stratégiques
Les tensions actuelles s’enracinent dans l’histoire tumultueuse des relations franco-algériennes. Le passé colonial, jamais totalement apaisé, continue de peser lourdement sur les échanges entre les deux nations. Pascal Praud a qualifié ce lundi 13 janvier dans son édito de l’émission L’Heure des pros sur CNEWS cette crise « entre la France et l’Algérie il s’agit bien d’une guerre civile ».
« Si on peut stopper une guerre entre deux États par un accord de paix, un armistice ou une reddition, on ne peut manifestement jamais arrêter une guerre civile ». Pour lui, les relations franco-algériennes s’apparentent à une « guerre civile larvée », débutée bien avant 1954 et simplement mise entre parenthèses par les accords d’Évian de 1962. « L’Algérie, c’était la France, un département de France », rappelait Pascal Praud, insistant sur le fait qu’une détente réelle entre les deux nations n’a jamais vu le jour.
Face à cette situation, plusieurs voix en France appellent à des mesures de rétorsion. Suspension des visas diplomatiques, gel des avoirs des dirigeants algériens en France ou encore renégociation des accords bilatéraux sont autant de propositions évoquées pour durcir le ton.