Un chauffeur de car scolaire licencié pour avoir déposé des enfants devant leur domicile pour éviter des trajets dangereux !
Damien Tabard, chauffeur en Haute-Vienne, conteste son licenciement devant les prud’hommes après avoir déposé des élèves devant leur domicile pour éviter des trajets dangereux.
Publié : 30 janvier 2025 à 17h07 par La rédaction
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Depuis plus d’un an, Damien Tabard, ancien chauffeur de car scolaire dans la commune des Billanges (Haute-Vienne), se bat pour faire reconnaître son licenciement comme abusif.
En novembre 2022, après 17 ans de service, il a été congédié pour avoir effectué des arrêts non prévus sur son itinéraire. Son tort ? Déposer certains enfants devant chez eux, lorsqu’ils habitaient sur son trajet, afin de leur éviter de marcher seuls sur des routes de campagne mal éclairées et dépourvues de trottoirs.
Ce lundi 27 janvier, il a défendu sa cause devant le conseil des prud’hommes de Limoges, soutenu par plusieurs parents d’élèves.
Un geste de protection sanctionné
Damien Tabard justifie ses décisions par une question de bon sens. « L’hiver, il fait nuit le matin et le soir, il n’y a pas de trottoir, pas d’éclairage », explique-t-il. Son objectif était d'assurer la sécurité des enfants qu'il transportait chaque jour, en évitant qu'ils soient frôlés par des voitures roulant à vive allure.
Cette attention particulière était très appréciée des familles. À l’annonce de son licenciement, une vague d’indignation a secoué la commune. Une pétition de soutien a recueilli près de 10 000 signatures, et ce lundi 27 janvier, une vingtaine de parents étaient présents devant la cité judiciaire de Limoges avec des pancartes portant des slogans comme « Sécurité des enfants d’abord » et « Soutien à Damien ». Certains parents rapportent même que des enfants ont pleuré en apprenant que leur chauffeur ne reviendrait pas.
Une règle stricte face à la réalité du terrain
Du côté de son employeur, la décision est justifiée par le non-respect des consignes de transport. En tant que chauffeur de car scolaire, il est tenu de suivre strictement le parcours défini par l’organisateur du service (mairie, conseil départemental ou société privée). Ces arrêts sont établis pour garantir à la fois la sécurité et l’efficacité du transport.
Le non-respect de ce cadre pose également un problème de responsabilité : en cas d’accident sur un arrêt non prévu, l’assurance pourrait refuser de couvrir les dommages. Pour l’entreprise de transport, ces « arrêts sauvages » constituent donc une faute professionnelle.
Damien Tabard conteste cette vision rigide. « Les seules personnes qui connaissent bien le circuit de transport scolaire et ses dangers, c’est le conducteur ou la conductrice, et les parents », plaide-t-il. Il estime que les règles devraient être adaptées aux réalités du terrain et appelle les autorités à entendre les alertes des chauffeurs et des familles.
Une affaire qui dépasse le cas personnel
Son combat ne se limite pas à son propre licenciement. Pour lui, cette affaire met en lumière les dangers du transport scolaire en milieu rural et le manque de flexibilité des autorités face aux réalités du terrain. Plusieurs parents dénoncent également la mise en place d’un système de géolocalisation des véhicules, perçu comme un « flicage » plutôt qu’un moyen d’améliorer la sécurité.
Si le chauffeur a depuis retrouvé un emploi pour compléter sa retraite, il espère obtenir gain de cause afin que des situations similaires ne se reproduisent plus. « Il a trop bien fait et on le pénalise, ça paraît un peu fou », résumait le maire de la commune au moment de son licenciement.
Un verdict attendu en avril
Le conseil des prud’hommes de Limoges rendra son délibéré le 7 avril prochain. Damien Tabard espère que la justice reconnaîtra les circonstances atténuantes de son geste et lui donnera raison.
En attendant, les parents d’élèves et les habitants des Billanges restent mobilisés, déterminés à défendre celui qu’ils considèrent avant tout comme un protecteur des enfants.