"Mon voile et mes cheveux ont été arrachés" : Aziza H., 43 ans, victime d’une agression islamophobe à Gardanne !
Aziza H., 43 ans, a été agressée lundi 25 novembre par deux femmes. L'incident souligne une inquiétante hausse des actes islamophobes en France.
Publié : 2 décembre 2024 à 9h35 par La rédaction
Crédit : Freepik
Quand la haine frappe au détour d'une rue, elle ne cible pas seulement une personne, mais ébranle les valeurs mêmes qui fondent notre vivre-ensemble.
À Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, une femme de 43 ans a été victime d’une agression raciste d’une violence rare. Aziza H., mère de 4 enfants, se rendait chez son kinésithérapeute lorsqu’elle a été suivie, insultée et brutalement attaquée par deux femmes d’une quarantaine d’années.
Cet acte, dénoncé comme islamophobe, a provoqué une vive émotion et conduit à l’ouverture d’une enquête confiée à la Brigade de gendarmerie de Gardanne.
Une attaque verbale qui dégénère
Les faits se sont déroulés en milieu de matinée. Aziza H. a rapidement remarqué qu’elle était suivie par deux femmes. Ces dernières l'ont abreuvée d’insultes racistes, des propos particulièrement violents qu’elle rapporte auprès de France 3 Provence-Alpes : « Regardez la voilée comme elle se pavane », « Ça profite des aides sociales alors qu'on crève de faim », ou encore « On doit la crever comme les Palestiniens », rapporte Aziza, encore sous le choc.
La situation s'est aggravée lorsque la mère de famille, excédée, s'est retournée pour demander aux agresseuses de cesser. Mais au lieu de calmer la situation, cette réaction a déclenché une escalade. « Elles se sont mises à courir pour me rattraper », raconte Aziza H., qui, par crainte d’être poussée sur la route ou attaquée à l’arme blanche, a tenté de fuir en empruntant un chemin à l’abri des regards.
Des violences physiques et des menaces de mort
Les deux femmes l'ont ensuite immobilisée au sol, arrachant son voile et ses cheveux tout en continuant à proférer des insultes racistes. « Elles m'ont maintenue au sol pour me frapper. Mon voile et mes cheveux ont été arrachés. Elles m'insultaient de sale race », Aziza rapporte également avoir été étranglée et entendu l’une des agresseuses déclarer : « On doit la terminer ». Ce déferlement de violence s’est interrompu brusquement lorsque les deux femmes ont été distraites par un bruit environnant.
Malgré ses blessures et son état de choc, Aziza H. a trouvé la force de regagner son domicile pour rejoindre son enfant, avant d’être transportée par une amie aux urgences. Le diagnostic médical fait état de blessures sérieuses : hématome au poignet, fêlures aux côtes, dermabrasions au cou et aux jambes, ainsi que des traces de coups au visage. Cinq jours d'incapacité totale de travail (ITT) lui ont été prescrits.
« Abandonner, ça serait leur donner raison »
Quelques jours après l’agression, Aziza H. reste profondément marquée, autant physiquement que psychologiquement. « J’ai envie de rester chez moi, mais j’ai quatre enfants. Je suis en colère, je me suis dit que j’aurais dû me défendre », confie-t-elle. Déterminée à ne pas se laisser abattre, elle ajoute : « Abandonner, ça serait leur donner raison ». Une plainte a été déposée, et les proches de la victime recherchent activement des témoins pour faire avancer l’enquête.
Une hausse inquiétante des actes islamophobes
Cet acte de violence s’inscrit dans un contexte national préoccupant. Selon le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe (CCIE), les signalements pour islamophobie ont bondi de 57% en 2023 par rapport à 2022, passant de 527 à 828. Parmi ces signalements, 23 concernent des agressions physiques comme celle subie par Aziza H. Ces chiffres traduisent une recrudescence alarmante des actes de haine, avec des répercussions graves sur les victimes et leurs familles.
Le préfet des Bouches-du-Rhône a condamné fermement cet incident sur les réseaux sociaux et assuré que « tout sera mis en œuvre pour que les individus en cause soient retrouvés ».
Une demande d’action politique
Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, a récemment dénoncé l'inaction face à la montée des actes racistes en France, un constat partagé par de nombreuses organisations. Les statistiques du ministère de l’Intérieur montrent également une augmentation de 32% des crimes et délits à caractère raciste en 2023.