Tunisie : Ayachi Zammel, ex-candidat à la présidentielle, devra purger 35 ans de prison cumulés !
Accusé de falsification de signatures pour sa candidature, Ayachi Zammel cumule désormais près de 35 ans de prison.
Publié : 12 novembre 2024 à 19h16 par La rédaction
Crédit : Ayachi Zammel - Facebook
Ayachi Zammel, ancien candidat à l’élection présidentielle tunisienne de 2024, a été condamné à 32 mois de prison supplémentaires pour des accusations de fausses signatures dans le cadre de sa candidature.
Cette nouvelle peine, prononcée par le tribunal de la Manouba, porte son total de condamnations à environ 35 ans de prison, selon les déclarations de son avocat, Abdessattar Messaoudi, faites ce lundi 11 novembre.
Un cumul de peines lié aux infractions électorales
Ayachi Zammel, âgé de 47 ans, fait face à une série de condamnations dans plusieurs régions de Tunisie, liées à des accusations de falsification de parrainages électoraux. Emprisonné depuis le 5 septembre 2024, cet ingénieur méconnu du grand public n'a pas pu mener sa campagne, car il a été incarcéré dès la validation de sa candidature, le 2 septembre, pour soupçons de fraude dans la collecte de signatures.
Les accusations de fausses signatures ont entraîné l’ouverture de 37 enquêtes à son encontre dans différentes régions du pays, chacune de ces affaires donnant lieu à des procès distincts.
Parmi les condamnations notables, Ayachi Zammel a écopé de 5 ans et 8 mois de prison le 5 septembre, puis de 20 mois supplémentaires après un jugement en appel à Jendouba le 3 octobre. Le 1er octobre, plusieurs verdicts cumulant 12 ans de prison ont également été prononcés contre lui.
Une incarcération qui suscite des réactions
La situation d'Ayachi Zammel, aujourd’hui qualifié de « dangereux criminel » par la justice tunisienne, a suscité des inquiétudes de la part de ses avocats. Ceux-ci dénoncent des condamnations qu’ils estiment disproportionnées pour des infractions électorales. S’il purge la totalité de ses peines, Ayachi Zammel ne serait libéré qu’à l’âge de 82 ans.
Son cas intervient dans un contexte politique tendu en Tunisie, où plusieurs ONG nationales et internationales alertent sur une « dérive autoritaire » du président Kaïs Saïed. Depuis 3 ans, plus d'une vingtaine d'opposants politiques, ainsi que des syndicalistes, militants et journalistes, ont été arrêtés, témoignant d’une répression croissante contre les voix dissidentes dans le pays.
Une élection controversée marquée par l’abstention
Lors de la présidentielle du 6 octobre, Ayachi Zammel n’a recueilli que 7,35% des suffrages, face à un taux de participation historiquement bas, de moins de 30%. Le scrutin a été largement remporté par le président sortant Kaïs Saïed, qui a obtenu 90,7% des voix. Le seul autre candidat autorisé, Zouhair Maghzaoui, un ancien député de la gauche panarabiste, a obtenu 1,97% des suffrages.
Les conditions de cette élection ont également été critiquées par des observateurs internationaux. L'Union européenne a dénoncé une « limitation continue de l'espace démocratique en Tunisie », pointant notamment l’arrestation d’Ayachi Zammel et l'exclusion par l'autorité électorale tunisienne (Isie) de trois autres candidats.
Ces mesures ont été perçues par de nombreux acteurs comme un moyen de neutraliser les opposants considérés comme menaçants pour le président Kaïs Saïed.