Festival Visa pour l'Image de Perpignan : le maire RN Louis Aliot refuse de remettre un prix à un photographe palestinien !

2 septembre 2024 à 15h59 par La rédaction

Le festival Visa pour l'Image sous tension ! Louis Aliot refuse de remettre le prix au photographe gazaoui Loay Ayyoub.

Louis Aliot - Festival Visa pour l'Image
Crédit : Ville de Perpignan - Facebook

La 36e édition du festival international de photojournalisme, Visa pour l'Image, a démarré sur fond de polémique à Perpignan. Samedi 31 août, lors de l'inauguration, le maire RN de la ville, Louis Aliot, a annoncé qu'il ne remettrait pas le prix Visa d'Or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2024 au photographe gazaoui Loay Ayyoub, une décision qui a provoqué de vives réactions.

Louis Aliot critique la récompense de Loay Ayyoub

Le prix Visa d'Or, décerné cette année à Loay Ayyoub pour son reportage sur la crise humanitaire à Gaza réalisé pour le Washington Post, a suscité la controverse. Le photographe a documenté, de manière poignante, les conséquences des frappes israéliennes sur les civils pendant cinq mois, d'octobre 2023 à février 2024, et son exil en Égypte. 

Le maire de Perpignan a exprimé son malaise quant au traitement de ce sujet sensible. Il a déclaré : « Je ne remettrai pas le prix cette année, ni moi, ni personne de la Ville », précisant qu'il se sentait « très mal à l'aise avec le traitement de cette guerre ».

Pour Louis Aliot, le problème réside dans le fait que Loay Ayyoub parle de la « Résistance palestinienne » sur les réseaux sociaux sans mentionner le Hamas. Il a souligné que, bien qu'il soit possible de critiquer Israël, il faut maintenir un « équilibre dans le propos ».

Une exposition qui dérange

L'exposition de Loay Ayyoub, qui met en lumière la dure réalité de la vie à Gaza sous les bombardements, a provoqué des inquiétudes dès l'annonce de la programmation. Jean-François Leroy, directeur du festival, avait déjà noté cet été que c'était un des sujets les plus sensibles qu'ils aient eu à traiter, mais il avait insisté sur l'importance de ne pas ignorer « une des actualités les plus fortes de l'année ». Le festival présente également le travail de Sergey Ponomarev en Cisjordanie, dans le but de couvrir plusieurs facettes de cette crise complexe.

Le photographe absent pour recevoir son prix

Ajoutant à la controverse, Loay Ayyoub ne pourra pas venir à Perpignan pour recevoir son prix. Réfugié en Égypte depuis février, il ne possède pas de visa de résident permanent, ce qui complique ses déplacements à l'étranger.

Louis Aliot a exprimé son mécontentement face à cette situation, déclarant que « les autorités françaises n'ont rien fait pour qu'il soit là ». Le directeur du festival, Jean-François Leroy, a précisé que, bien que le photographe puisse être invité en France, il risquerait de ne pas pouvoir retourner en Égypte, où il soutient sa famille restée à Gaza.

Une liberté éditoriale défendue

Jean-François Leroy a tenu à rappeler qu'il jouit d'une « liberté totale sur la ligne éditoriale » du festival. Il a insisté sur le fait que le prix de la Ville est décerné par un jury composé de directeurs de photos internationaux, indépendamment de l'avis des autorités municipales. En l'absence de Loay Ayyoub, c'est Olivier Laurent, photo editor international pour le Washington Post, qui recevra symboliquement le Visa d'or.