Henri Leclerc, défenseur infatigable des droits et des libertés, s’est éteint à 90 ans !

5 septembre 2024 à 14h34 par La rédaction B.

Le monde du droit et des libertés perd une de ses plus grandes figures. Henri Leclerc, éminent avocat pénaliste et ancien président de la Ligue des droits de l’homme (LDH), est décédé à l’âge de 90 ans le 31 août 2024 à Villejuif.

Henri Leclerc
Crédit : Ligue des droits de l'Homme - Facebook

Figure emblématique du barreau français et militant engagé pour les droits démocratiques, Henri Leclerc laisse derrière lui une carrière marquée par des combats judiciaires et politiques de grande envergure. Il a consacré sa vie à la défense des libertés individuelles, des causes sociales et des droits humains.

Une jeunesse marquée par l’injustice

Né en 1934 à Saint-Sulpice-Laurière, Henri Leclerc grandit dans un environnement familial à la fois pieux et républicain. Dès son plus jeune âge, il est profondément marqué par les grands procès de l’après-guerre, comme celui de Pierre Laval, dont il dénonce l’issue jugée inéluctable. Ce premier contact avec l'injustice le pousse à embrasser une carrière juridique.

Diplômé en droit de la faculté de Paris en 1955, il commence sa carrière d’avocat sous la tutelle d’Albert Naud. Très vite, il quitte le Parti communiste français après l’intervention soviétique en Hongrie en 1956, mais ne renonce jamais à ses idéaux de justice sociale.

L’avocat des causes difficiles

Henri Leclerc s’est illustré au cours de sa carrière en défendant des affaires complexes et souvent médiatiques. Il a été l'avocat de personnalités telles que Dominique Strauss-Kahn, Florence Rey, ou encore Jacques Viguier. Mais il est aussi connu pour avoir pris la défense des causes collectives, notamment celle des militants autonomistes bretons, des indépendantistes algériens ou encore des mineurs et paysans en lutte.

Ses plaidoiries dans des dossiers célèbres, comme l’affaire Jacques Mesrine ou l’affaire Omar Raddad, témoignent de sa capacité à conjuguer rigueur juridique et engagement militant. Il fut surnommé « l’avocat des gauchistes » pour avoir défendu de nombreux activistes de gauche après Mai 68, une période durant laquelle il forge une réputation d’avocat des opprimés.

Militant des droits de l’Homme

Au-delà de sa carrière d’avocat, Henri Leclerc a également joué un rôle déterminant dans la promotion et la défense des droits de l’homme en France. Président de la LDH de 1995 à 2000, il poursuit ses engagements en devenant président d'honneur de cette organisation jusqu'à son décès. Il a œuvré pour l'amélioration des conditions de détention, s’est opposé à la peine de mort et a milité activement pour une presse indépendante.

Son combat pour la justice ne s’est jamais limité à la salle d’audience. En 2012, il soutient la campagne présidentielle de François Hollande, signant un appel pour une « nouvelle république ». Il s’est également exprimé sur des questions de justice sociale jusqu’à ses dernières années, dénonçant des dérives policières et législatives.

Un héritage durable

En 2020, Henri Leclerc a pris la parole pour la dernière fois devant un tribunal. Cependant, son héritage continue d'influencer la profession juridique et le monde militant. Plusieurs promotions d'écoles de droit et d’avocats portent aujourd'hui son nom, témoignant de l'impact durable de son parcours. Il a été décoré Commandeur de la Légion d'honneur, une reconnaissance officielle de son apport exceptionnel à la justice française.

La Ligue des droits de l’homme lui a rendu hommage en soulignant que ses combats pour les libertés fondamentales perdureront : « Henri nous a quittés. Ses combats demeurent ». Ses prises de position, son engagement et ses actions ont façonné une vision progressiste du droit et continuent d’inspirer des générations de juristes et de militants.

Une figure irremplaçable

Henri Leclerc n’était pas qu’un avocat renommé, il était un homme de conviction, qui a toujours mis son savoir au service des causes qu’il jugeait justes. En tant qu’avocat, mais aussi en tant que citoyen, il a toujours milité pour un système judiciaire au service de l’équité et de la justice sociale. Avec son décès, la France perd une figure majeure du barreau et un fervent défenseur des droits de l’Homme.