Accusée de laisser une dette de 45 millions d’euros dans les hôpitaux français, l’Algérie réagit !

Une facture de 45 millions d’euros impayée par des patients algériens suscite des critiques en France, tandis qu’Alger dénonce une campagne de désinformation.

Publié : 15h19 par La rédaction

Hôpital - santé
Crédit : D.R.

La dette des patients algériens envers les hôpitaux français, estimée à 45 millions d’euros en 2023 pour l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), refait surface dans les médias, alimentant des tensions entre la France et l’Algérie. Ce différend, qui s’inscrit dans un contexte diplomatique déjà sensible, soulève des questions sur les accords bilatéraux, la gestion des créances et les responsabilités des deux parties.

Une dette qui pèse sur les hôpitaux français

L’AP-HP accuse un déficit total de 460 millions d’euros, dont une partie est liée aux créances impayées par des patients étrangers, notamment algériens. L’établissement public de santé rappelle que ces patients, souvent porteurs de visas touristiques, arrivent en France pour traiter des pathologies lourdes et leur prise en charge laisse derrière elle des factures non réglées. D'autres grands centres hospitaliers, comme les Hospices civils de Lyon ou les Hôpitaux de Marseille, sont également concernés par ces impayés.

Le phénomène ne se limite pas aux patients ordinaires selon l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Certaines personnalités disposant de passeports diplomatiques bénéficieraient des meilleurs soins dans ces établissements sans régler leurs dettes. Cette situation accentue la pression financière sur les hôpitaux français, déjà en proie à des difficultés budgétaires.

Une réponse virulente de l’Algérie

Face aux critiques, Alger a vivement réagi en dénonçant ce qu’elle qualifie de « campagne haineuse » orchestrée par certains médias français. La presse algérienne affirme que les accusations d’impayés relèvent de la mauvaise foi et rappelle que l’Algérie a toujours honoré ses engagements financiers.

Entre 2010 et 2019, Alger affirme avoir transféré près de 94 millions d’euros aux hôpitaux français pour les frais médicaux de ses ressortissants. De 2020 à 2024, ce montant s’élève à 23 millions d’euros. Ces chiffres, selon Alger, prouvent sa bonne foi et sa volonté de régulariser ses dettes lorsque celles-ci sont « bien justifiées ».

L’Algérie reproche également à la France de ne pas tenir la réunion de la commission mixte prévue dans la convention bilatérale de sécurité sociale, réunion qu’elle considère essentielle pour clarifier et apurer les créances. Alger estime qu’il est crucial que seules les factures légitimes, correspondant à des soins effectivement délivrés à des ressortissants algériens, soient prises en compte.

Les accords bilatéraux en question

La convention franco-algérienne de sécurité sociale encadre la prise en charge des soins des ressortissants algériens en France. Toutefois, les différends persistent sur l’interprétation des accords et sur la gestion des factures. Alger déplore que des patients non-algériens soient parfois inclus par erreur dans les créances adressées à l’Algérie, gonflant ainsi artificiellement la « dette » attribuée au pays.

Selon Alger, les montants réellement dus pour les frais d’hospitalisation entre 2018 et 2024 s’élèveraient à 2,5 millions d’euros, un chiffre bien inférieur à celui avancé par les hôpitaux français. L’absence de dialogue entre les deux parties bloque cependant toute tentative de résolution.

Une crise diplomatique en toile de fond

Ce différend s’inscrit dans un climat de relations tendues entre Paris et Alger. En réponse aux critiques françaises, l’Algérie affirme avoir cessé de transférer ses ressortissants vers les hôpitaux français, préférant renforcer ses infrastructures sanitaires nationales. Cette déclaration marque un nouveau chapitre dans une relation bilatérale marquée par des tensions diplomatiques entre les deux pays.