Tensions France-Algérie : Bruno Retailleau appelle à "tourner la page" !

Le ministre de l'Intérieur prône une relation « d'égal à égal » et invite à dépasser les tensions mémorielles et diplomatiques.

Publié : 15h09 par La rédaction

Bruno Retailleau
Crédit : Bruno Retailleau - Facebook

Bruno Retailleau a pris la parole dans L’Express pour évoquer l’état des relations entre la France et l’Algérie. Sur fond de tensions récentes, notamment liées au refus d’entrée en Algérie d’un influenceur algérien, Doualem, expulsé de France, le ministre de l’Intérieur appelle à « tourner la page » et à « normaliser » les liens diplomatiques entre les deux pays. Tout en insistant sur la nécessité de respect mutuel, le ministre a réitéré son souhait de revoir les accords franco-algériens de 1968, jugés obsolètes et déséquilibrés.

Un appel à la réciprocité et au respect

Dans une publication sur X, le locataire Place Beauvau a évoqué la guerre d’indépendance algérienne et les célébrations qui y sont liées, tout en rappelant que le respect doit être mutuel : « Je comprends très bien que la guerre d'indépendance soit un événement fondateur de l'Algérie moderne. Je respecte les souverainetés, je respecte les États et je respecte les peuples. Mais en contrepartie, j'attends que la France soit aussi respectée. Aucune douleur de l'Histoire ne peut donner à quiconque, y compris à l'Algérie, un droit d'offenser la France ».

Ces propos font écho à des relations bilatérales souvent tumultueuses, marquées par des désaccords politiques et mémoriels. Le ministre estime qu’il est temps de « dépasionner » les échanges et de construire une relation « d’égal à égal », loin des « arrière-pensées » et des querelles héritées de l’Histoire.

Vers une révision des accords de 1968 ?

L’un des points centraux de l’intervention de Bruno Retailleau concerne les accords franco-algériens de 1968, qui régissent le statut des ressortissants algériens en France. Ces accords bilatéraux, établis peu après l’indépendance de l’Algérie, confèrent des droits spécifiques en matière de circulation, de séjour et d’emploi. Bruno Retailleau les qualifie de « datés et déséquilibrés » et appelle à leur révision pour mieux refléter les réalités contemporaines.

« Ces accords créent un statut unique pour les Algériens, mais ils ne sont plus adaptés aux enjeux actuels », explique-t-il. 

Un regard équilibré sur la colonisation

En abordant le poids de la mémoire coloniale dans les relations franco-algériennes, Bruno Retailleau invite à adopter une perspective plus nuancée. Selon lui, le discours français s’est longtemps focalisé sur un récit de « repentance » qui aurait affaibli la fierté nationale.

« Nous devons retrouver un regard équilibré sur la période coloniale. La colonisation, c’est bien sûr des pages sombres qu’il faut dénoncer, et nous l’avons fait. Mais il y a aussi des apports et des liens qui se sont créés », affirme-t-il.

Ces propos interviennent alors que les relations diplomatiques entre les deux pays se sont détériorées depuis l’été dernier, notamment après le soutien de Paris au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. L’incarcération en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en novembre dernier a également accentué les tensions.

Une relation à reconstruire

Pour Bruno Retailleau, les tensions actuelles entre la France et l’Algérie ne doivent pas empêcher une réflexion profonde sur l’avenir des relations bilatérales. « Le moment est venu de tourner la page », déclare-t-il, appelant à des liens apaisés, basés sur une réciprocité sincère et un dialogue sans surenchère mémorielle.

Une perquisition liée à un influenceur algérien

Dans un autre registre, les relations franco-algériennes continuent d’être ponctuées par des polémiques impliquant des influenceurs algériens. Ce mercredi 22 janvier, une perquisition a été effectuée au domicile de Rafik Meziane, alias Dj Rafik,  un influenceur visé par une enquête du pôle national de lutte contre la haine en ligne, selon le parquet de Paris. Cette enquête, déclenchée par un signalement sur la plateforme Pharos, vise à déterminer si des éléments saisis lors de l’opération permettent de qualifier une infraction.

Bruno Retailleau a réagi sur X, affirmant que cette perquisition s’inscrit dans une démarche visant à lutter contre la haine en ligne. « La perquisition a été effectuée dans le cadre d’une enquête diligentée par le pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris », a-t-il écrit.