À Mérignac, un restaurateur transforme sa terrasse en refuge pour les sans-abri !

Face au froid glacial de janvier, Mustapha Abouabderrahmane a décidé d’ouvrir les portes de son restaurant aux plus démunis. Un geste de solidarité rare qui sauve des vies.

Publié : 24 mars 2025 à 21h15 par La rédaction

Mustapha Abouabderrahmane
Crédit : Sud Ouest

L’hiver a frappé Mérignac de plein fouet, plongeant la ville dans un froid glacial. Pour Mustapha Abouabderrahmane, restaurateur, cette saison rigoureuse fut le déclencheur d’un acte de solidarité qui a changé des vies.

Alors qu’il s’apprêtait à fermer son établissement, Torino Pasta, il aperçoit un homme allongé dans un duvet, frigorifié. « Il n’arrivait même pas à se couvrir complètement, j’ai eu peur de ne pas le retrouver vivant le lendemain », confie-t-il. Ce sans-abri, Frédéric, il le connaissait déjà. Il lui avait déjà offert à manger. Ce soir-là, il l’a invité à entrer.

Un accueil d’urgence improvisé

À l’intérieur, Mustapha rallume le chauffage, rapproche les banquettes pour créer un lit, sort une couverture, allume la télévision. Frédéric passe la nuit au chaud. Le lendemain matin, le restaurateur découvre les tables nettoyées et le sol balayé. « Il avait tout rangé pour me remercier, j’étais ému aux larmes », raconte-t-il.

Ce geste spontané aurait pu s’arrêter là. Mais Mustapha en a décidé autrement. Il a contacté la mairie de Mérignac pour obtenir des barnums chauffés et du matériel. La réponse a été immédiate. En moins d’une heure, les tentes étaient montées sur la terrasse du restaurant. «Tout s’est fait spontanément, humainement », souligne Hélène Pinto, de l’association Imagine Demain.

Une organisation solidaire

Dès lors, la terrasse de Torino Pasta devient un abri pour les sans-abri. Frédéric en devient le référent. Il accueille, informe et veille au respect des règles. Les animaux sont acceptés, dans la limite de deux par tente. Les espaces sont non mixtes, pour préserver la sécurité des femmes.

Les repas chauds sont assurés grâce au soutien d’associations et de commerçants du quartier. Un café, une soupe, un coin au chaud : une oasis au cœur de l’hiver. « On en a besoin, c’est un geste grandiose », témoigne un homme venu se réchauffer.

Frédéric, de la rue à la responsabilité

Depuis qu’il a posé ses valises chez Mustapha, Frédéric a changé. Il boit moins, il reprend confiance. « Il se limite à deux bières par jour, il a envie de s’en sortir », se réjouit Mustapha. Frédéric confirme : « La rue, c’est la survie. Ici, on n’a pas peur de se faire agresser, on peut dormir tranquille ».

Un choix de cœur, malgré les conséquences

Si l’initiative est saluée, elle n’est pas sans conséquences pour le restaurateur. La présence des tentes a fait fuir certains clients. « C’est triste à dire, mais certains préfèrent détourner le regard », reconnaît-il. Pourtant, il persiste. « Même si je perds de l’argent, je ne peux pas laisser quelqu’un mourir de froid devant ma porte. »

Mustapha Abouabderrahmane est conscient que son geste ne réglera pas la crise du logement. Mais il espère que d’autres suivront son exemple. « Cette entraide manque dans notre monde. J’espère que ça donnera des idées. »

Une leçon d’humanité

En accueillant Frédéric, Mustapha a ouvert bien plus qu’une porte. Il a tendu la main à ceux que l’on oublie trop souvent. Dans un contexte où les dispositifs d’hébergement sont saturés, cette initiative rappelle une vérité simple : chacun peut agir, à son échelle. « Ils ont besoin de nous. Et moi, je verrai plus tard. » Une phrase qui résume toute l’humanité de ce restaurateur pas comme les autres.