Tunisie : malgré une très faible participation, Kaïs Saïed, président sortant est réélu avec 89,2% des voix !

Le président sortant tunisien, Kaïs Saïed, remporte largement l'élection présidentielle dès le premier tour, avec une participation de seulement 27,7%.

Publié : 7 octobre 2024 à 16h56 par La rédaction

Crédit : Présidence Tunisie - Facebook

Ce dimanche 6 octobre, Kaïs Saïed a consolidé sa position en remportant l’élection présidentielle tunisienne dès le premier tour, avec un score de 89,2% des voix, selon les premières estimations de l’institut Sigma Conseil. Une victoire écrasante face à ses rivaux, mais qui s'accompagne d'un taux de participation historiquement bas.


Un scrutin sans suspense


Dès les premières heures de l’annonce des résultats provisoires, l'issue du scrutin ne faisait guère de doute. Avec 89,2% des suffrages, Kaïs Saïed a très largement distancé ses deux principaux adversaires, Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui. Le premier a recueilli seulement 6,9% des voix, tandis que Maghzaoui, député de la gauche panarabe, n’a attiré que 3,9% des électeurs.


Ce résultat, bien que sans surprise, est survenu dans un contexte de très faible participation. L’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (Isie) a annoncé un taux de participation de 27,7%, contre 45% lors du précédent scrutin présidentiel il y a cinq ans. « Respectable », a commenté Farouk Bouasker, le président de l'Isie, bien que ce soit le plus bas niveau depuis la révolution de 2011 qui avait mis fin au règne de Ben Ali.


Un président aux ambitions révolutionnaires


S’adressant à ses partisans depuis son quartier général de campagne à Al Watanya 1, Kaïs Saïed a rappelé son ambition de « poursuivre la Révolution de 2011 » et de « bâtir un pays nettoyé des corrompus et des comploteurs ». Selon lui, « ce que vit notre pays aujourd'hui est l'aboutissement de la révolution », affirmant que le peuple tunisien, en le réélisant massivement, « a montré une conscience profonde et inédite ».


Dans un ton martial, le président a également souligné sa volonté de maintenir l'indépendance de la Tunisie face à toute ingérence étrangère : « La Tunisie restera libre et indépendante et n’acceptera jamais l’ingérence étrangère », a-t-il martelé.


Une élection contestée


Malgré cette large victoire, le scrutin a été vivement critiqué par l’opposition tunisienne et les organisations non gouvernementales. De nombreuses figures de proue de l’opposition étant en prison, seul un nombre restreint de candidats a été autorisé à participer à l’élection, après l’écartement de plusieurs postulants pour « irrégularités présumées ». Selon des observateurs tunisiens et étrangers, ce scrutin serait « faussé en faveur de M. Saïed », réduisant ainsi les choix pour les électeurs tunisiens.


En outre, des voix s’élèvent contre la dérive autoritaire du président, accusé de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains depuis qu’il a suspendu le Parlement en 2021, dans une décision qualifiée de coup d’État par ses détracteurs.


La Tunisie à un tournant


Avec cette réélection écrasante, Kaïs Saïed reste solidement à la tête d’une Tunisie divisée. Son discours et sa posture anti-corruption continuent de séduire une partie de la population, bien que la faible participation électorale témoigne d’un désenchantement grandissant chez les Tunisiens. Le président réélu devra désormais répondre à des attentes élevées, tout en affrontant les critiques croissantes sur son exercice du pouvoir.