Relations France-Algérie : Jean-Noël Barrot annonce l’entrée dans "une nouvelle phase" !

Le ministre des Affaires étrangères s’est rendu à Alger pour relancer la coopération bilatérale et entamer une nouvelle phase dans les relations entre les deux pays.

Publié : 7 avril 2025 à 14h08 par La rédaction

Barrot - Tebboune
Crédit : رئاسة الجمهورية الجزائرية - Facebook

Après huit mois de tensions marquées par le retrait de l’ambassadeur algérien et une suspension de plusieurs canaux de coopération, la France et l’Algérie amorcent un retour à des relations plus apaisées.

En déplacement ce dimanche 6 avril à Alger, Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française, a annoncé l’entrée dans « une nouvelle phase » entre les deux pays. Il a évoqué une volonté « partagée » de renouer un partenariat fondé sur « l’égalité, la sérénité et l’apaisement ».

Une rencontre décisive au sommet de l’État algérien

Le ministre a été reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour un entretien de près de deux heures et demie. À l’issue de cette rencontre, Jean-Noël Barrot a salué une « volonté claire des deux chefs d’État de tourner la page » et de « relancer tous les mécanismes de coopération ». Selon lui, cette reprise est guidée par un objectif simple : produire des résultats concrets dans l’intérêt des deux peuples.

Cette visite, qui fait suite à un échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune le 31 mars, marque un moment charnière. Elle vise à concrétiser les engagements formulés lors de la Déclaration d’Alger de 2022, qui appelait à une coopération renforcée sur des dossiers variés : sécurité, économie, mémoire, justice ou encore migrations.

Coopération migratoire et consulaire relancée

L’un des points les plus sensibles, la question migratoire, a fait l’objet de discussions précises. Jean-Noël Barrot a confirmé que la coopération sur les réadmissions et la délivrance de visas allait reprendre sans délai. Il a également évoqué la mise en place d’un cadre plus fluide pour les échanges consulaires, avec une prochaine rencontre prévue entre les consuls algériens en France et les préfets français.

Des échanges sécuritaires et judiciaires renforcés

La visite a aussi permis de rétablir les liens en matière de sécurité. Les deux pays ont acté la reprise des échanges entre services de renseignement, et une réunion entre hauts responsables de la sécurité est déjà prévue. Un dialogue stratégique spécifique sur le Sahel sera aussi lancé, alors que les deux pays suivent de près l’évolution de la situation dans la région, notamment au Mali et au Niger.

Sur le plan judiciaire, la France prévoit l’envoi prochain du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, à Alger. À cette occasion, les discussions devraient porter notamment sur les dossiers sensibles des commissions rogatoires et des biens mal acquis. Une coopération renforcée est attendue entre les juridictions compétentes des deux pays, avec des échanges prévus à Paris entre magistrats français et algériens.

Reprise des échanges économiques

Jean-Noël Barrot a tenu à rappeler les obstacles rencontrés récemment par les entreprises françaises opérant en Algérie, notamment dans l’agroalimentaire, l’automobile ou le transport maritime. Il a reçu de la part du président algérien Abdelmadjid Tebboune des assurances sur la volonté de relancer ces partenariats.

Une rencontre est ainsi prévue le 19 mai entre le président du Medef et son homologue du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). En parallèle, une réunion du Comefa (Comité mixte économique franco-algérien) est annoncée pour avant l’été.

Dossier mémoriel : reprise du travail des historiens

Le chantier mémoriel, souvent source de tensions, reprend lui aussi. Jean-Noël Barrot a révélé que les contacts ont été rétablis entre les historiens français et algériens membres de la commission mixte. Il a par ailleurs indiqué que le président algérien avait invité l’historien Benjamin Stora à Alger pour poursuivre les travaux sur la restitution d’objets culturels liés à la colonisation.

Appel pour Boualem Sansal

Enfin, le ministre a évoqué le cas de l’écrivain Boualem Sansal, récemment condamné à cinq ans de prison ferme. Jean-Noël Barrot a exprimé un souhait de « geste d’humanité », compte tenu de l’âge et de l’état de santé de l’auteur. Une demande également portée par Emmanuel Macron auprès de son homologue algérien.

Une volonté commune de stabilité

Le ton de cette visite contraste avec la crise diplomatique ouverte l’été dernier, déclenchée par le soutien affiché d’Emmanuel Macron au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, un sujet extrêmement sensible pour Alger. Ce différend avait provoqué le retrait de l’ambassadeur algérien à Paris et gelé plusieurs volets de la coopération bilatérale.

Aujourd’hui, Paris et Alger veulent visiblement tourner la page. « Nous revenons à la normale », a affirmé Jean-Noël Barrot, reprenant les mots du chef d’Etat algérien qui a parlé d’un rideau qui se lève. Le ministre a conclu son intervention en rappelant que cette nouvelle étape se veut « une relation d’égal à égal au bénéfice mutuel de nos deux pays ».