Economie, justice et immigration : les grands lignes de l’entretien téléphonique de Kaïs Saïed avec Emmanuel Macron !

Kaïs Saïed plaide pour une refonte des mécanismes internationaux lors d’un échange avec Emmanuel Macron.

Publié : 22 mars 2025 à 15h33 par La rédaction

Kaïs Saïed
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La diplomatie entre Tunis et Paris reste en mouvement. Lors d’un échange téléphonique tenu ce vendredi 21 mars avec son homologue Emmanuel Macron, le président tunisien, Kaïs Saïed a mis l’accent sur plusieurs dossiers jugés prioritaires pour la Tunisie.

Dans un ton résolument critique envers les outils diplomatiques et judiciaires actuels, le chef de l’État tunisien a appelé à des mesures innovantes, à la fois sur le plan national et international.

Vers de nouveaux mécanismes pour rapatrier les fonds détournés

Au cœur de la discussion, la question de la restitution des avoirs publics spoliés à la Tunisie. Kaïs Saïed a estimé que les procédures judiciaires en vigueur, souvent longues et complexes, ne produisent que peu de résultats. « Même si elles aboutissaient après des décennies, elles ne permettraient de récupérer que des miettes », a-t-il affirmé, selon un communiqué de la présidence tunisienne.

Kaïs Saïed a ainsi plaidé pour l’adoption de solutions inédites et rapides, soulignant que la justice internationale ne répond pas efficacement aux attentes des peuples lésés. L’enjeu, selon lui, dépasse le simple aspect juridique : il touche à la souveraineté économique et au droit des Tunisiens à récupérer les richesses qui leur ont été illégalement soustraites.

Appel à mettre un terme aux crimes en Palestine

Abordant le conflit israélo-palestinien, Kaïs Saïed a dénoncé ce qu’il a qualifié de « véritable guerre d’extermination » contre le peuple palestinien. Il a insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et durable, appelant la communauté internationale à sortir de son immobilisme.

Pour le président tunisien, les institutions classiques ne sont plus à la hauteur des drames contemporains. Il a ainsi appelé à « repenser en profondeur » les fondements des relations internationales, en mettant l’accent sur la justice, l’égalité et la souveraineté des peuples. Selon lui, l'humanité actuelle est en avance sur les institutions censées la représenter, qui seraient devenues obsolètes face aux défis du présent.

La Tunisie refuse d’être un terrain de transit pour les réseaux criminels

Kaïs Saïed a également réitéré son rejet catégorique de toute instrumentalisation de la Tunisie dans les circuits de traite d’êtres humains ou de trafic d’organes. Il a alerté sur l’activité croissante de réseaux transnationaux exploitant les personnes migrantes, notamment entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe.

Face à ce fléau, il a défendu une approche collective et humaine, appelant à la mise en place de ponts aériens pour faciliter le retour volontaire des victimes vers leurs pays d’origine. Il a aussi rappelé que la Tunisie supporte déjà un lourd fardeau dans la gestion migratoire et qu’elle refuse de devenir un point d’ancrage pour ces pratiques illégales.

Une vision de coopération fondée sur l’égalité

Au-delà des urgences sécuritaires et humanitaires, le président tunisien a réaffirmé la position de son pays : une coopération internationale fondée sur l’équilibre et le respect mutuel. S’il a remercié Emmanuel Macron pour ses vœux à l’occasion de la fête de l’indépendance, Kaïs Saïed a tenu à souligner que la Tunisie restait attachée à une diplomatie de principes, sans concessions sur ses valeurs fondamentales.

Une diplomatie tunisienne en rupture avec les schémas traditionnels

À travers cet échange avec Emmanuel Macron, Kaïs Saïed continue de dessiner les contours d’une diplomatie tunisienne plus affirmée. Refusant les logiques classiques, il propose une lecture nouvelle des relations internationales, articulée autour de la souveraineté, de la justice et de la dignité des peuples.