France-Maroc : "Nous devons définir ensemble les grands piliers d’une refondation de notre partenariat", Christophe Lecourtier !

À quelques jours de la visite très attendue d'Emmanuel Macron au Maroc, Christophe Lecourtier, Ambassadeur de France au Maroc, partage sa vision des relations franco-marocaines.

Cette visite présidentielle devrait sceller la réconciliation entre les deux pays et amorcer une nouvelle ère de coopération dans divers domaines. Dans une interview, l'ambassadeur met en lumière les axes majeurs de ce partenariat et les enjeux à venir pour les prochaines décennies.

Une visite présidentielle au cœur de la réconciliation

La prochaine visite du Président Emmanuel Macron au Maroc, prévue à la fin du mois, est un moment clé pour les relations bilatérales entre Paris et Rabat. « C’est un moment extrêmement important pour nous », affirme Christophe Lecourtier.

Le diplomate souligne que cette rencontre entre Emmanuel Macron et le Roi Mohammed VI marque une étape décisive dans le rétablissement des liens entre les deux pays, suite à des tensions récentes. « Nous devons définir ensemble les grands piliers d’une refondation de notre partenariat pour se projeter, pourquoi pas, sur les vingt-cinq prochaines années », ajoute-t-il.

L'ambassadeur insiste sur l'importance de forger une « nouvelle Histoire » commune, tout en prenant en compte les évolutions géopolitiques et les défis globaux. « Nous pouvons le faire dans tous les domaines », précise-t-il, évoquant aussi bien la coopération économique que culturelle.

Une programmation culturelle tournée vers le vivant et le numérique

La coopération culturelle occupe une place centrale dans les relations franco-marocaines. Christophe Lecourtier a récemment dévoilé une programmation culturelle axée sur le thème du vivant, un choix qui reflète les enjeux écologiques actuels.

« Parler du vivant est une façon d’aborder une des questions les plus critiques et les plus épineuses de notre époque », explique l’ambassadeur. La thématique englobe des sujets tels que la préservation des océans et de la biodiversité, des priorités partagées par les deux nations.

Au-delà du vivant, la programmation culturelle met également l’accent sur le numérique, avec des activités liées à la musique électronique, au théâtre immersif et aux jeux vidéo. Ce focus sur les nouvelles technologies culturelles vise particulièrement le jeune public marocain.

« Il est impératif que le partenariat franco-marocain ne soit pas confiné aux disciplines traditionnelles », estime Christophe Lecourtier, qui souhaite que cette coopération reste en phase avec les attentes des nouvelles générations.

L’avenir de la Francophonie au Maroc

Le Maroc, pays francophone et francophile, voit néanmoins ses nouvelles générations se tourner de plus en plus vers l'anglais. Cette tendance n'inquiète pas l'ambassadeur, qui considère que « la diversité est une richesse ».

Pour lui, la force du Maroc réside dans sa capacité à nouer des relations avec tous les pays du monde, tout en maintenant un lien fort avec la langue et la culture françaises. « Le français est la langue de l’Afrique », rappelle Christophe Lecourtier, soulignant que la Francophonie joue un rôle stratégique pour le Maroc dans ses relations avec le continent africain.

Toutefois, il insiste sur le fait que la Francophonie « ne saurait être une politique française au sens propre du terme », mais plutôt un levier pour renforcer les relations culturelles et économiques entre les deux pays et au-delà.

Une coopération environnementale renforcée

Sur le plan environnemental, la coopération franco-marocaine est déjà bien ancrée, comme le rappelle Christophe Lecourtier en évoquant les sommets sur la protection des océans organisés respectivement à Tanger et à Nice.

Ces événements témoignent de l’engagement des deux pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Les deux pays partagent un idéal dans la protection de l’environnement, qu’ils défendent politiquement et culturellement », déclare l’ambassadeur. Il souligne également les initiatives communes dans le domaine de l'intelligence artificielle, liées aux enjeux environnementaux.

Un partenariat économique prometteur

La visite d’Emmanuel Macron au Maroc ne se limitera pas aux questions diplomatiques et culturelles. Au cœur des discussions figureront également des enjeux économiques majeurs.

L'acquisition de 188 avions Airbus par la compagnie Royal Air Maroc (RAM) est l'un des dossiers clés qui sera abordé. La compagnie nationale marocaine cherche à agrandir sa flotte pour accompagner le développement du secteur touristique. « Le président Macron plaidera en faveur d’Airbus », croit savoir Christophe Lecourtier, ajoutant que les difficultés rencontrées par Boeing, notamment en raison des grèves aux États-Unis, pourraient jouer en faveur du constructeur européen.

En outre, la France espère que des entreprises comme Alstom pourront décrocher des contrats pour des projets stratégiques, tels que la Ligne à Grande Vitesse reliant Casablanca à Marrakech.