"Nos subventions ont drastiquement baissé" : en difficultés, le Bondy Blog, voix des quartiers populaires, lance un appel aux dons !
À la veille de son vingtième anniversaire, le média Bondy Blog fait face à une baisse drastique de ses subventions publiques et lance un cri d’alerte.
Publié : 12 décembre 2024 à 19h00 par La rédaction
Le Bondy Blog, média emblématique des quartiers populaires créé au lendemain des émeutes de 2005, traverse une période critique.
À un an de son vingtième anniversaire, l’association lance un appel aux dons pour tenter de compenser une réduction « de moitié » de ses subventions publiques, une situation qui pourrait remettre en question son existence même.
Une baisse des subventions après les émeutes de 2023
Sarah Ichou, directrice du Bondy Blog s’est longuement confiée à Franceinfo ou elle affirme que crise financière s’est accélérée après les émeutes de juin 2023, déclenchées par la mort de Nahel Merzouk. « Nos subventions ont drastiquement baissé depuis bientôt deux ans », explique-t-elle.
Bien qu’elle ne puisse pas établir de lien direct entre la couverture des révoltes et cette chute des aides, la coïncidence des calendriers interpelle. « La première baisse conséquente est arrivée quelques mois après la couverture médiatique par le Bondy Blog des révoltes de Nahel. On en tire la conclusion que l'on veut », avance Sarah Ichou, dénonçant une « non-réponse politique » dans l’après-Nahel.
Les subventions, issues principalement de la politique de la ville et du ministère de la Culture, finançaient en partie le fonctionnement de ce média gratuit et associatif. « L’information a un coût, et pour un média indépendant comme le nôtre, cette question économique est centrale », insiste la directrice.
Aujourd’hui, le Bondy Blog ne compte plus que deux salariés et demi et s’appuie sur une trentaine de contributeurs réguliers pour produire ses contenus.
Une campagne de dons pour garantir une nouvelle saison
Face à l’urgence, le Bondy Blog a lancé un appel aux dons sur les réseaux sociaux, exhortant ses lecteurs à les soutenir pour continuer à exister. « Pour rester libres et indépendants, c’est maintenant qu’on a besoin de vous », peut-on lire dans leur message. Jusqu’à présent, environ 10 000 euros ont été récoltés, mais l’objectif est fixé à 100 000 euros, une somme qui permettrait d’assurer au moins une saison supplémentaire.
« L’année 2025 sera une année charnière pour nous », explique Sarah Ichou. Outre les 20 ans du média, cette année marquera également les deux décennies des révoltes de 2005, déclenchées après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois.
« Il y a beaucoup de travail journalistique et de documentation à faire sur l’état des quartiers 20 ans après ces événements. Mais pour raconter ces histoires, il nous faut des moyens », plaide-t-elle.
Un média qui forme et informe
Depuis sa création, le Bondy Blog s’est imposé comme un espace crucial pour donner la parole aux habitants des quartiers populaires et relater leur quotidien. Gratuit et indépendant, il a également servi de tremplin pour de nombreux jeunes journalistes. « En 19 ans, il y a des centaines de jeunes qui ont atterri dans des médias dits traditionnels, chez Radio France, France Télévisions, Mediapart, Libération. On en est fiers », souligne Sarah Ichou.
Cet impact, plusieurs anciens membres du Bondy Blog l’ont rappelé en témoignant sur les réseaux sociaux et en relayant l’appel aux dons. Ces contributions montrent à quel point ce média a joué un rôle déterminant dans leur parcours et dans le paysage médiatique français.
Une situation alarmante pour la liberté de la presse
La situation actuelle du Bondy Blog pose une question plus large sur la fragilité des médias indépendants en France, particulièrement ceux qui donnent la voix à des populations souvent marginalisées dans les médias traditionnels.
Pour Sarah Ichou, couper les subventions d’un tel média « c'est extrêmement grave ». Elle interpelle les pouvoirs publics sur les conséquences d’une telle décision, à un moment où les enjeux autour des quartiers populaires restent d’une importance capitale.