Selon Emmanuel Macron, l’Algérie "se déshonore" en maintenant Boualem Sansal en prison !

Emmanuel Macron demande la libération de l'écrivain détenu en Algérie, tandis qu'Alger dénonce une « ingérence flagrante ».

Publié : 7 janvier 2025 à 14h21 par La rédaction

Emmanuel Macron - Conférence des Ambassadrices et des Ambassadeurs
Crédit : Élysée - Capture d'écran vidéo X

Les relations entre la France et l'Algérie traversent une nouvelle zone de turbulences, cette fois autour du sort de Boualem Sansal, écrivain et intellectuel franco-algérien incarcéré à Alger depuis novembre dernier.

Lors d'un discours devant les ambassadeurs français à l'Élysée ce lundi 6 janvier, le président de la République, Emmanuel Macron, a dénoncé cette détention, affirmant que l’Algérie « se déshonore » en maintenant l’écrivain derrière les barreaux.

Emmanuel Macron appelle à la libération de Boualem Sansal

Le chef d'Etat a condamné l’arrestation de Boualem Sansal, la qualifiant de « détention arbitraire ». « L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est », a déclaré Emmanuel Macron. Appelant à la libération immédiate de l’écrivain, il a ajouté : « Nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, nous demandons instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal ».

L’écrivain, âgé de 75 ans et naturalisé français en 2024, est accusé d’« atteinte à la sûreté de l’État » en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien suite à ses propos dans un média français, où il affirmait que la France avait amputé le territoire marocain au profit de l’Algérie pendant la colonisation. 

Un dossier qui ravive les tensions entre Paris et Alger

Le cas de Boualem Sansal s'inscrit dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie. Les relations se sont dégradées après le retrait de l’ambassadeur algérien à Paris en juillet dernier, une réaction aux soutiens affichés par Emmanuel Macron aux positions marocaines concernant le Sahara occidental.

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a exprimé des doutes quant à la volonté de l’Algérie de respecter la « feuille de route » établie en 2022 pour apaiser les relations bilatérales.

« Pour tenir une feuille de route, il faut être deux », a-t-il souligné lors d’un entretien à RTL, tout en réitérant sa préoccupation concernant la détention de l’écrivain. « La France est très attachée à la liberté d’expression et d’opinion et considère que les raisons ayant conduit à cette incarcération ne sont pas valables », a-t-il ajouté.

Réaction d’Alger : une condamnation des propos d’Emmanuel Macron

Les déclarations d'Emmanuel Macron ont suscité une vive réaction du bureau de l’Assemblée populaire nationale algérienne. Ce dernier a dénoncé une (propos traduit) « ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Algérie » et une « tentative de ternir l’image de ses institutions souveraines ». L’Assemblée a affirmé que de telles interventions renforcent la détermination de l’Algérie à protéger sa souveraineté et sa dignité.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a pour sa part qualifié Boualem Sansal d’« imposteur » envoyé par la France. 

Une santé préoccupante et des appels à l’action

Depuis son arrestation en novembre, Boualem Sansal a été transféré en unité de soins hospitaliers en raison de son état de santé fragile. Son avocat et plusieurs organisations internationales plaident pour sa libération immédiate, estimant que son incarcération est non seulement arbitraire, mais également dangereuse pour sa santé.

Emmanuel Macron a réaffirmé son engagement sur ce dossier, affirmant que ce combat reflète les valeurs fondamentales de la France : « Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-il regretté.