Immigration : Dominique de Villepin critique "la tentation" en France de faire de l’Algérie un "bouc émissaire" !
8 octobre 2024 à 15h41 par La rédaction
L’ancien Premier ministre français déplore la dégradation des relations franco-algériennes et critique la tentation de faire de l’Algérie un bouc émissaire, notamment sur les questions d’immigration.
Dans une intervention remarquée sur France Info ce lundi 7 octobre, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français sous Jacques Chirac, a pris la défense de l’Algérie, qualifiant ce pays de « frère » et de « grand pays ami ».
Face aux tensions diplomatiques croissantes entre Paris et Alger, Dominique de Villepin a appelé à une reprise du dialogue et a critiqué les récentes attaques et accusations portées contre l'Algérie, les jugeant « exagérées » et « déconnectées de la réalité ».
Une relation en dégradation constante
L'ancien chef du gouvernement s’est alarmé de la dégradation des relations entre la France et l’Algérie, un phénomène qui, selon lui, s’accélère depuis plusieurs années. « Cela fait, malheureusement, de longs mois, pour ne pas dire années, que l’on voit la relation avec ce grand pays ami et frère se dégrader jour après jour », a-t-il regretté. Cette détérioration, marquée par des tensions mémorielles et des désaccords diplomatiques, a conduit à une situation où les accusations dépassent « de loin, toute réalité », a-t-il souligné.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait récemment exprimé sa frustration à la télévision en excluant de se rendre en France, accusant l'Hexagone de « génocide » pendant la colonisation. Cette escalade verbale s’inscrit dans un contexte où les deux pays peinent à trouver des terrains d'entente sur des sujets majeurs, tels que l’immigration ou les droits mémoriels.
Immigration : la question des accords de 1968
Autre point de crispation, la révision potentielle des accords de 1968 qui accordent aux Algériens un statut particulier en matière de droit de séjour et d'emploi en France. Le chef d’Etat algérien avait dénoncé cet accord comme étant devenu un « étendard derrière lequel marche l'armée des extrémistes » en France. Dominique De Villepin a abondé dans ce sens, mettant en garde contre la tentation de « brandir aujourd'hui le symbole de l'accord de 1968 », car cela pourrait ouvrir « une guerre des mémoires ».
L’ancien Premier ministre a rappelé que ces accords de 1968 étaient une conséquence directe des accords d'Évian de 1962, qui ont marqué l'indépendance de l’Algérie. « Tout cela est absurde, il y a d'autres chemins », a-t-il affirmé, appelant à des solutions concertées et respectueuses des relations historiques entre les deux pays.
La nécessité du dialogue et du respect
Pour Dominique de Villepin, le rétablissement des relations entre Paris et Alger passe par une approche fondée sur le dialogue et le respect mutuel. « Nous ne réglerons pas la question de l'immigration, des Algériens détenus en centres de rétention administrative, qu'en accord avec l'Algérie », a-t-il expliqué. Cette collaboration bilatérale est selon lui essentielle pour apaiser les tensions et trouver des solutions viables aux problèmes actuels.
L’ancien diplomate a également insisté sur la nécessité d’assumer l’histoire partagée entre les deux nations. « Ça implique le dialogue, ça implique le respect et ça implique la capacité d'assumer cette histoire que nous avons, qui est partagée et qui est si importante des deux côtés de la Méditerranée », a-t-il conclu.