Karim Aïnouz, cinéaste brésilien d’origine algérienne, dévoile un film documentaire autobiographique !
2 octobre 2023 à 14h43 par La rédaction
Karim Aïnouz, cinéaste brésilien d'origine algérienne, a dévoilé son dernier documentaire, « Le marin des montagnes », lors de sa première africaine.
Ce road-movie autobiographique nous emmène dans un périple émotionnel à travers l'Algérie, le pays de son père. À travers ses yeux, nous découvrons Alger, ses rues animées, ses cafés chaleureux, ses boutiques pittoresques et, surtout, ses habitants. Mais c'est à Taguemount Azzouz, en Kabylie, que le réalisateur trouve le cœur de son récit, accueilli chaleureusement par les cousins paternels.
Qui est Karim Aïnouz ?
Né le 17 janvier 1966 à Fortaleza au Brésil et architecte de formation, Karim Aïnouz, artiste multidisciplinaire, embrasse la peinture, la photographie, l'écriture de scénarios et la réalisation.
Son entrée dans le domaine cinématographique remonte au début des années 1990 aux États-Unis. En 2002, son premier long métrage, « Madame Satã », est sélectionné au Festival de Cannes dans la section Un certain regard.
Depuis, Karim Aïnouz récolte les récompenses pour ses courts et longs métrages, il marque son empreinte dans le monde du cinéma latino-américain. En 2019, « La vie invisible d’Eurídice Gusmão » est consacré avec le prix de la section Un certain regard au Festival de Cannes, consacrant Aïnouz comme un talent incontournable de la scène cinématographique contemporaine.
« Le marin des montagnes », une lettre destinée à sa mère ?
Le titre énigmatique du documentaire, « Le marin des montagnes », intrigue les téléspectateurs. Lorsqu’il est questionné sur ce choix, il explique : « Je suis né dans une ville au bord de l’Atlantique au Brésil où il y a beaucoup de marins. Et les montagnes, c’est à cause de la Kabylie de mon père. C’est donc un titre qui raconte les deux côtés de ma vie. »
Loin d'être un simple voyage en Algérie, le film est une lettre émouvante à sa mère, une manière pour lui de partager chaque détail de son exploration avec celle qui n'est plus de ce monde. « C’est une lettre tardive, je l’avoue. Si elle était là, cela n’aurait pas été une lettre. Ma mère aurait été ma compagne de voyage. D’où le ton mélancolique du film. »
Un rapport familial complexifié
Le rapport entre Aïnouz et son père est teinté de complexités. Rencontré à l'âge de 20 ans, le terme « père » prend une connotation ambiguë. « C’est un rapport d’absence. Honnêtement, il est compliqué d’appeler un homme un père lorsqu’on le rencontre qu’à l’âge de 20 ans. C’est toujours très ambigu. Je n’ai pas de mémoire de père, je n’ai que celle de ma mère et de ma grand-mère. Ces deux femmes sont ma famille. »
Cependant, après sa visite à Taguemount Azzouz, dans la daïra de Beni Douala, dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Algérie, Karim Aïnouz note un changement dans ses sentiments envers son père. « Le village avait une vraie chaleur, les gens avaient une sensation de fierté de me voir venir d’un pays lointain. Les relations ne sont pas uniquement sanguines, elles sont celles d’une véritable affection. C’est une relation de confiance. »
Vers de nouvelles explorations cinématographiques en Algérie ?
Karim Aïnouz ne compte pas s'arrêter là. Il aspire à créer un film sur les essais nucléaires français dans le Sahara algérien des années 1960. Il souhaite également rendre hommage à un héros kabyle à travers un film historique. Sa passion pour l'Algérie est palpable : « Nous avons besoin de films historiques qui nous permettent d’avoir une mémoire visible de ce qu’on était. »