L’Algérie gèle les immatriculations des voitures d'occasion importées de moins de 3 ans !

4 octobre 2024 à 16h57 par La rédaction

Algérie : le gel des immatriculations de voitures d'occasion de moins de 3 ans inquiète les consommateurs.

Auto - voitures stationnées
Crédit : Franz Bachinger - Pixabay

L'importation des voitures d'occasion de moins de trois ans, qui avait connu une hausse significative au premier semestre 2024 en Algérie, pourrait bientôt être ralentie.

En effet, les autorités algériennes viennent de geler la délivrance des cartes grises pour ces véhicules, suscitant des inquiétudes parmi les consommateurs et les acteurs du marché automobile. Cette nouvelle a été révélée par l'Association pour la protection et l'orientation du consommateur et son environnement (APOCE).

Un gel soudain des immatriculations

L'APOCE a annoncé via sa page Facebook que la délivrance des cartes d'immatriculation des véhicules de moins de trois ans, importés en vertu du décret exécutif n° 23-74, est suspendue « jusqu'à nouvel ordre ». Ce décret, signé en février 2023, fixe les modalités de dédouanement et de contrôle technique pour les véhicules de tourisme et utilitaires importés par des particuliers résidents en Algérie.

Cette mesure intervient alors que le pays fait face à une situation économique difficile, marquée par une dévaluation sans précédent du dinar algérien face à l'euro. Sur le marché noir, l'euro s'échange à un taux record de 260 dinars, augmentant considérablement le coût des importations de véhicules.

Ce contexte pourrait expliquer en partie la décision des autorités de geler les immatriculations, bien que celles-ci n’aient pas encore officiellement communiqué sur les raisons précises de ce gel.

Un marché en pleine expansion freiné par la décision

Les chiffres témoignent de l'ampleur du phénomène d'importation des véhicules d'occasion en Algérie. En 2023, près de 9 970 voitures de moins de trois ans ont été importées, pour une valeur totale de 142,40 millions de dollars.

Au cours du premier semestre 2024, l'importation a connu une nouvelle hausse avec 16 592 véhicules importés, représentant 243,88 millions de dollars. Cette dynamique, stimulée par le décret de février 2023, répondait à une forte demande des consommateurs algériens face à la hausse des prix des véhicules neufs en Algérie.

Toutefois, avec ce gel des immatriculations, les résidents qui importent des voitures d’occasion sont désormais dans l'incapacité d'obtenir leurs cartes grises, ce qui pourrait entraîner un ralentissement de ce marché en pleine croissance.

Les causes de cette décision

Interrogé par TSA, Mustapha Zebdi, président de l'APOCE, a avancé plusieurs hypothèses pour expliquer cette décision soudaine, la première serait liée à la flambée récente de l'euro sur le marché noir. Avec un taux de change atteignant 260 dinars pour un euro, la rareté de la monnaie européenne dans le pays entraîne une forte demande, ce qui a probablement incité les autorités à intervenir pour freiner l’importation de véhicules coûteux.

Mustapha Zebdi souligne également que, dans un contexte où les Algériens n'ont pas accès à un réseau de change officiel, beaucoup sont contraints de se tourner vers le marché parallèle pour financer leurs achats de véhicules. Cette situation exacerbe la spéculation sur les devises, rendant la situation encore plus instable.

Une autre hypothèse évoquée par Mustapha Zebdi concerne « d’éventuels problèmes techniques » rencontrés sur les véhicules importés, notamment ceux en provenance d’Espagne et de Libye. Ces véhicules pourraient ne pas respecter les normes techniques et sécuritaires algériennes, ce qui aurait poussé les autorités à suspendre temporairement leur immatriculation.

Une crise du marché des devises

Le gel des immatriculations intervient dans un contexte de crise plus large touchant le marché noir des devises en Algérie. La forte demande pour l’euro, couplée à la rareté de cette monnaie sur le marché noir, entraîne une flambée des taux de change.

Mustapha Zebdi appelle d’ailleurs à l’ouverture de bureaux de change officiels en Algérie, estimant qu’il s’agit d’une « nécessité économique absolue ». Sans ce dispositif, la spéculation risque de continuer à alimenter la hausse des prix, avec des répercussions négatives sur de nombreux secteurs économiques, dont celui de l’automobile.

Un impact important pour les consommateurs

Pour les Algériens ayant récemment importé des véhicules, cette décision de geler les immatriculations constitue un coup dur. Ils se retrouvent dans l’impossibilité d’obtenir leurs cartes grises et donc de faire circuler légalement leurs voitures.