L’Assemblée nationale reconnait et condamne le massacre du 17 octobre 1961 !
31 mars 2024 à 15h16 par La rédaction
L’Assemblée nationale a voté une proposition de résolution pour condamner la répression meurtrière de la manifestation des algériens le 17 octobre 1961 à Paris.
C’est un pas historique pour des milliers de familles algériennes qui ont perdu des êtres chers durant la répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961.
Ce jour-là, des milliers d’Algériens sont sortis pour protester contre le couvre-feu qui leur a été imposé par les autorités françaises, sous la direction du préfet Maurice Papon.
Cette journée tragique fait partie des pages les plus sombres de l'histoire et a coûté la vie à plus de 200 manifestants pacifiques, selon les historiens.
Un consensus fragile pour un texte historique
Portée par la députée écologiste des Hauts-de-Seine, Sabrina Sebaihi et sa consœur de Renaissance Julie Delpech, ce texte a été voté par 67 députés pour et 11 contre, cette résolution a nécessité un travail d'écriture, en collaboration avec le parti présidentiel et l'Élysée, pour aboutir à un texte consensuel.
Bien que le terme « crime d'État » n'ait pas été explicitement mentionné mais cette proposition de résolution montre la volonté de reconnaître officiellement ce sombre chapitre de l'histoire. Cette démarche est saluée comme une « première étape » vers la reconnaissance de ce crime colonial.
Une journée de commémoration en question ?
Le texte propose également l'inscription d'une journée de commémoration dans l'agenda des célébrations nationales. Cependant, le gouvernement semble réservé sur cette question. Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, a souligné que trois dates existaient déjà pour «commémorer ce qui s'est passé pendant la guerre d'Algérie».
Il met en évidence la nécessité de se souvenir des victimes tout en rappelant les efforts de mémoire déjà entrepris par l’ancien président de la République, François Hollande, qui a déclaré lors du 51e anniversaire de l’événement : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La république reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un an après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes ».
Le chef d’Etat, Emmanuel Macron, avait déjà reconnu la gravité de ces événements, les qualifiant de « crimes inexcusables pour la République » lors du 61è anniversaire du 17 octobre 1961.
Réactions et attentes
Cette proposition de résolution intervient dans un contexte de relations franco-algériennes en pleine évolution, à quelques semaines avant la visite d'État annoncée par l’Elysée du président algérien, Abdelmadjid Tebboune en France, prévue « fin septembre, début octobre ».
Ce texte de l'Assemblée nationale devrait renforcer ce message de reconnaissance et de mémoire, dans un effort de réconciliation et de vérité entre la France et l'Algérie.
Fatiha Keloua Hachi victime d’un déferlement raciste sur ses réseaux sociaux
Quelques heures après l’adoption de la proposition de la résolution condamnant le massacre de la manifestation du 17 octobre 1961, la député socialiste, Fatiha Keloua Hachi, élue dans la huitième circonscription de la Seine-Saint-Denis, a affirmé qu’elle est victime d’une campagne de haine raciste qu’elle a affiché sur ses réseaux avant de tweeter sur X : « Votre haine ne m’atteindra jamais ! Fière d’être députée de la nation et de me battre pour mes concitoyen•nes. »
Depuis hier et le vote de la résolution reconnaissant le massacre du #17Octobre1961 je suis l’objet d’une campagne de haine, avec un déferlement de tweets racistes.
— Fatiha Keloua Hachi (@KelouaF) March 29, 2024
Votre haine ne m’atteindra jamais ! Fière d’être députée de la nation et de me battre pour mes concitoyen•nes. pic.twitter.com/1wQRIsh43C