Les actes racistes, xénophobes ou antireligieux en hausse en France !

Malgré un ralentissement de la hausse, les chiffres montrent une banalisation préoccupante des actes à caractère raciste, avec une faible mobilisation des victimes auprès des forces de l’ordre.

Publié : 27 mars 2025 à 13h28 par La rédaction

Racisme - discriminations
Crédit : Roland Steinmann - Pixabay

Les services de police et de gendarmerie ont recensé, en 2024, les plus de 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux sur l’ensemble du territoire. Ce chiffre, en hausse par rapport à l’année précédente, met en lumière une violence verbale et symbolique encore largement ancrée dans la société. Si les agressions physiques restent minoritaires, les injures, provocations et diffamations en constituent l’essentiel.

Une progression toujours alarmante, bien que ralentie

La tendance reste à la hausse, même si le rythme s’est légèrement infléchi. Les crimes et délits à caractère raciste ont augmenté de 11% cette année, après une flambée de 30% en 2023. En parallèle, près de 7 000 contraventions ont été recensées, soit une progression de 6% en un an. La très grande majorité de ces infractions – près de 76% – relèvent d’actes de langage : propos diffamatoires, injurieux ou incitatifs à la haine.

Une surreprésentation de certaines populations parmi les victimes

Près de 9 700 personnes ont été identifiées en 2024, comme victimes de ces crimes et délits. Parmi elles, les hommes âgés de 25 à 54 ans et les personnes originaires de pays africains sont particulièrement exposés. Une partie de ces actes ciblent également les personnes en raison de leur religion supposée, dans un contexte où les amalgames et stigmatisations demeurent tenaces.

Autre fait marquant : la majorité des victimes sont des personnes physiques, rarement des institutions ou des groupes. Pourtant, moins de 3% de celles qui subissent ces violences prennent l’initiative de s’adresser aux autorités pour les signaler. Une donnée qui illustre le fossé persistant entre les faits vécus et leur reconnaissance par le système judiciaire.

Des zones géographiques plus touchées que d’autres

En moyenne, la France a enregistré 1,2 crime ou délit à caractère raciste pour 10 000 habitants entre 2022 et 2024. Les écarts d’un département à l’autre sont relativement faibles, à l’exception de Paris. La capitale affiche des taux bien supérieurs à la moyenne, ce qui pourrait s’expliquer par l’ampleur des flux de personnes, qu’il s’agisse de résidents d’Île-de-France, de travailleurs ou de touristes.

Plus de 5 000 auteurs identifiés

Au total, les forces de sécurité ont mis en cause environ 5 000 individus pour des faits à caractère raciste en 2024. Comme les victimes, les mis en cause sont majoritairement des hommes âgés de 25 à 54 ans. Cette donnée interroge sur la banalisation de ces comportements au sein d’une tranche d’âge active et souvent socialement insérée.

Une parole encore trop souvent étouffée

Au-delà des chiffres fournis par les services de police et de gendarmerie, les enquêtes de victimation révèlent une réalité plus inquiétante. Selon l’étude Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), plus d’un million de personnes majeures ont déclaré avoir été victimes d’au moins une atteinte raciste en 2022.

Cela représente 2,4% de la population adulte, un bond significatif par rapport à l’année précédente (1,6%). Or, la quasi-totalité de ces faits reste hors du radar des institutions : moins de 3% des victimes engagent une démarche officielle.

Une réponse pénale encore à construire

Depuis la loi de 2017 sur l’égalité et la citoyenneté, les infractions motivées par des considérations de race, d’ethnie, de nationalité ou de religion sont traitées de manière unifiée. Mais la réponse judiciaire reste largement dépendante des dépôts de plainte, encore trop peu nombreux au regard de l’ampleur du phénomène.

Une lutte contre le racisme qui reste à amplifier

Si les chiffres de 2024 confirment que la société d’aujourd’hui en France continue de faire face à un racisme multiforme, ils révèlent aussi les limites de l’action publique en matière de prévention, de protection et de sanction. Entre banalisation des propos haineux et silence des victimes, le combat contre les discriminations reste plus que jamais d’actualité.