Forum de coopération sino-africaine : Pékin prévoit d’investir 50 milliards de dollars en Afrique !

5 septembre 2024 à 16h03 par La rédaction

Alors que le Forum de coopération sino-africaine (Focac) s’est ouvert le 4 septembre à Pékin, la Chine multiplie les rencontres bilatérales avec les chefs d’État africains pour consolider des relations économiques et politiques déjà bien établies. Pékin prévoit d’investir 50 milliards de dollars en Afrique.

Xi Jinping - Focac 2024
Crédit : Focac

Les délégations africaines sont arrivées en nombre à Pékin, bien avant le lancement officiel du Forum de coopération sino-africaine (Focac) le mercredi 4 septembre 2024. Le président chinois, Xi Jinping, n’a pas attendu le coup d’envoi du sommet pour entamer les discussions. Dès lundi 2 septembre, il a reçu plusieurs de ses homologues africains, renforçant ainsi la dynamique de coopération économique, politique et sécuritaire entre la Chine et l’Afrique. 

Rencontres bilatérales pour renforcer les partenariats

Au cours d'une matinée bien remplie, Xi Jinping a reçu successivement les présidents de Djibouti, du Togo, des Comores, et tout particulièrement Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC). Cette rencontre a marqué une étape importante dans le développement des relations bilatérales, avec un accent mis sur des partenariats économiques stratégiques et un renforcement des capacités douanières et médiatiques.

Dans ses discussions avec les dirigeants africains, le président chinois a insisté sur la nécessité d’approfondir la coopération économique, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie et des infrastructures. De son côté, le président malien a mis en avant le besoin de partenariats solides dans les secteurs minier et sécuritaire, essentiels pour le développement de son pays.

Focus sur le financement et la gestion de la dette africaine

Ce 9e Forum de coopération sino-africaine se penche également sur le rôle croissant de la Chine en tant que principal bailleur de fonds pour l'Afrique. Avec un nombre important de pays africains confrontés à des problèmes d'endettement, la question de la gestion de ces dettes est au cœur des discussions.

La Chine, ayant investi massivement dans le continent au cours des dernières décennies, se retrouve au centre des débats sur la soutenabilité des dettes africaines et l'avenir des partenariats financiers. 

Pékin promet d’investir massivement en Afrique 

Le président chinois affirme  qu’il est « prêt à fournir un soutien financier à hauteur de 360 milliards de yuans », soit 50,7 milliards de dollars lors des trois prochaines années et promet également la création « d'au moins un million d'emplois ».

Des délégations de haut niveau et des rencontres stratégiques

Parmi les nombreuses délégations présentes à Pékin, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, chargé par le président Abdelmadjid Tebboune, a rejoint les travaux préparatoires du sommet.

En marge des réunions ministérielles, il a multiplié les rencontres bilatérales avec plusieurs chefs d’État africains, notamment Mohamed Ould Cheikh El Ghazaouani, président de la Mauritanie, pour discuter de la coopération entre l'Algérie et ses partenaires africains.

Le sommet, qui s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations sino-africaines, se déroule sous le thème « Bâtir un avenir commun pour l’Afrique et la Chine ». Les échanges viseront à évaluer les progrès réalisés depuis le dernier forum, tout en définissant de nouveaux objectifs, notamment dans les domaines économiques, politiques et socioculturels.

Le Maroc au cœur des discussions sino-africaines

Le Maroc, présent au Forum de coopération sino-africaine, voit en cet événement une opportunité stratégique pour renforcer ses partenariats avec la Chine. Représenté par une délégation menée par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le Royaume entend profiter de ce forum pour promouvoir l’investissement dans des secteurs clés comme les infrastructures, les énergies renouvelables et le développement industriel.

Accompagné par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le ministre délégué chargé de l'Investissement, Mohcine Jazouli, Aziz Akhannouch a souligné l’importance pour le Maroc de continuer à développer ses liens économiques avec la Chine, dans un contexte où le Royaume cherche à jouer un rôle actif dans la coopération sino-africaine.

Le Maroc, grâce à sa position géographique stratégique entre l’Europe et l’Afrique, cherche à attirer davantage d’investissements chinois, en particulier dans des secteurs comme l’agriculture, l’énergie et les infrastructures. En tant que membre actif des initiatives sino-africaines, le Royaume espère bénéficier des opportunités économiques offertes par la coopération entre la Chine et l’Afrique, notamment dans le cadre de la « Vision de coopération Chine-Afrique 2035 », qui prévoit des investissements massifs dans plusieurs secteurs en Afrique.

Plusieurs opportunités et défis à l'horizon pour la Tunisie

Bien que la Tunisie ne soit pas l'un des principaux partenaires économiques de la Chine, sa position géographique stratégique et ses relations historiques avec Pékin offrent des opportunités importantes. Le Focac représente pour Tunis une plateforme pour renforcer ses relations commerciales et attirer des investissements chinois dans des secteurs clés comme les infrastructures, l'énergie et le tourisme.

Avec l’émergence de l’Afrique comme marché en pleine croissance, la Tunisie pourrait également jouer un rôle central dans la connectivité transméditerranéenne, participant ainsi à des projets d’intégration régionale dans les chaînes d’approvisionnement globales.

Un partenariat stratégique renforcé pour l'avenir

Le Focac, qui célèbre cette année son 24ème anniversaire, symbolise un partenariat stratégique entre la Chine et l’Afrique, fondé sur des principes de solidarité, de coopération et de respect de la souveraineté. Ce forum, créé en 2000, est aujourd’hui l’un des mécanismes les plus anciens et les plus importants entre la Chine et une région du monde. Depuis 2006, Pékin s’est imposé comme un acteur majeur du développement en Afrique avec la création d’un fonds de 5 milliards de dollars dédié aux infrastructures.

L’objectif pour les années à venir est clair : renforcer encore plus ces liens avec la "Vision de coopération Chine-Afrique 2035". Celle-ci prévoit une hausse significative des investissements chinois en Afrique, notamment 60 milliards de dollars supplémentaires dans les secteurs de l’agriculture, de l’infrastructure et de l’économie numérique. 

Un contexte géopolitique en pleine évolution

Ce forum intervient dans un contexte de concurrence accrue entre la Chine et les États-Unis, alors que ces deux puissances cherchent à accroître leur influence en Afrique. « Approfondir l’engagement économique envers l’Afrique dans tous les domaines » est l’une des priorités de la Chine, explique Zainab Usman, directrice du programme Afrique à la Fondation Carnegie. Si certains projets peuvent ne pas avoir un sens purement économique, la dimension géopolitique reste primordiale pour Pékin.

La Chine souhaite également réduire le déséquilibre commercial avec l’Afrique en augmentant ses importations de produits agricoles et de minéraux transformés, tout en consolidant son influence sur la scène internationale face aux États-Unis.