Tunisie : Kaïs Saïed procède à un remaniement ministériel majeur !

26 août 2024 à 11h57 par La rédaction

Kaïs Saïed procède à un remaniement ministériel majeur à quelques semaines de l’élection présidentielle.

Kaïs Saïed - Tunisie
Crédit : Présidence Tunisie - Facebook

Nouveau coup théâtre en Tunisie. Le président Kaïs Saïed a surpris le pays ce dimanche 25 août en annonçant un vaste remaniement ministériel, remplaçant 19 ministres, dont ceux des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que trois secrétaires d’État. Cette décision intervient à peine plus d'un mois avant l'élection présidentielle prévue le 6 octobre.

Des changements inattendus à la tête de la diplomatie et de la défense

Parmi les nouvelles nominations, Mohamed Ali Nafti prend la tête de la diplomatie tunisienne. Cet ancien diplomate, ayant déjà occupé des postes dans plusieurs ambassades tunisiennes, remplace le précédent ministre des Affaires étrangères, démis de ses fonctions.

Mohamed Ali Nafti avait été secrétaire d'État auprès de ce même ministère avant d'être écarté par Kaïs Saïed en 2021. Quant à la Défense, elle sera désormais dirigée par Khaled Shili, lui aussi un ancien diplomate et responsable au ministère des Affaires étrangères.

D'autres ministères stratégiques ont également vu de nouvelles figures prendre les commandes. Par exemple, Samia Gharbi, ancienne conseillère économique, a été nommée ministre des Finances, en remplacement de Sihem Boughdiri Nemsia.

Mehdi Mkaouar, ancien chef de cabinet au ministère de l'Agriculture, devient ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques. Nabil Hfaiedh, auparavant directeur général au ministère de l'Éducation, prend désormais la charge du ministère de l'Éducation, en remplacement de Fathi Sellaouti.

De plus, Hanen Tajouri, figure montante dans le domaine de la santé publique, a été désignée ministre de la Santé, succédant ainsi à Ali Mrabet. Leila Ben Mbarek, ancienne cadre du ministère des Affaires sociales, devient ministre des Affaires sociales.

Un remaniement au timing contesté

Kaïs Saïed, en poste depuis 2019, n'a pas fourni de raisons claires pour justifier ce remaniement à quelques semaines de l'élection présidentielle. Cependant, lors de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres, il a tenu un discours dénonçant les critiques selon lesquelles ce remaniement serait lié aux échéances électorales. Qualifiant ses détracteurs de « calomniateurs menteurs », il a affirmé que « l'intérêt national » nécessitait ce changement, même en cette période sensible.

Une stratégie politique floue

La stratégie politique derrière ces remaniements reste ambiguë. Kaïs Saïed a évoqué la nécessité de remplacer des responsables qui, selon lui, auraient été manipulés par des « centres de pouvoir » au sein de l'État, transformant la situation en un affrontement entre son nouveau régime constitutionnel et un système corrompu.

Il a également admis que le fonctionnement normal des institutions publiques avait été entravé par le manquement de certains responsables à leurs devoirs, citant des plaintes reçues de citoyens tant en Tunisie qu’à l’étranger.

Ce remaniement, qualifié de « nécessaire » par le chef d’Etat tunisien, s'inscrit dans un contexte où la Tunisie se prépare à des élections cruciales. Kaïs Saïed a consolidé son emprise sur le pouvoir depuis son élection en 2019, en imposant des mesures exceptionnelles en juillet 2021, telles que la dissolution du Parlement et l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum.

Alors qu’il vise un second mandat, Kaïs Saïed fait face à une opposition déterminée, notamment de la part de Zouhair Maghzaoui, un ancien député de la gauche panarabe, et d’Ayachi Zammel, un industriel libéral.

Un avenir politique incertain

Alors que la Tunisie se prépare à entrer dans une période électorale, le remaniement ministériel effectué par Kaïs Saïed ajoute une nouvelle couche d’incertitude à l’avenir politique du pays.

Le Président, qui se présente comme indispensable pour l'avenir de la Tunisie, devra affronter une opposition croissante, qui critique la centralisation du pouvoir au sein de son administration.